
Sommaire
- Fidji Simo, Directrice des applications d’OpenAI
- Thomas Pesquet, astronaute, directeur général de Novespace
- Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France
- Thierry Cotillard, président du Groupement Mousquetaires (Intermarché)
- Nina Métayer, cheffe pâtissière
- Amélie Oudéa-Castéra, présidente du Comité national olympique et sportif français
- Enrique Martinez, directeur général de Fnac Darty
- Jean-Charles Samuelian-Werve, cofondateur et président d’Alan
Fidji Simo, Directrice des applications d’OpenAI
- Chargée de mission dans la pêche
«A 19 ans, j’ai obtenu mon premier job d’été à la Confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles, grâce à mon père, pêcheur. Ma mission était de rédiger un rapport pour le ministère de l’Agriculture sur la transition énergétique dans la pêche. Il fallait analyser les sources d’énergie, identifier les freins aux renouvelables et proposer des solutions concrètes. J’ai aussi évalué les risques, en tenant compte des coûts pour les pêcheurs et des bénéfices à long terme.
Ce poste m’a permis de saisir l’importance de l’innovation énergétique dans un secteur clé. Je dis toujours aux jeunes : l’important, ce n’est pas le titre, c’est d’apprendre à comprendre le monde. Ce pragmatisme m’accompagne encore aujourd’hui.»
Thomas Pesquet, astronaute, directeur général de Novespace
- Eboueur
«J’avais 16 ans quand j’ai décroché mon premier job d’été : j’étais ripeur à Rouen. C’est mon oncle qui m’avait trouvé ce poste. En uniforme vert, casquette assortie et salopette, je bossais avec mon cousin. Tous les matins, on se levait à 5 h 30 pour attaquer les tournées. Un jour, un des camions a eu un souci, donc on a dû tout faire à deux. Résultat : 31 tonnes de poubelles ramassées en une journée. L’objectif était de finir vite pour rentrer chez soi. J’ai appris des techniques comme jeter les petites poubelles à la main ou courir devant le camion pour ramasser les sacs.
Ce n’était pas un job de rêve, mais il m’a appris qu’il n’y a pas de petits métiers, que chaque travail mérite respect et dignité. A la fin du mois, j’avais touché 6 500 francs. J’ai utilisé cet argent pour m’acheter des baskets Air Jordan, un vrai rêve à l’époque.»
Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France
- Agent d’entretien
« Eté 1987. A 16 ans, après une année difficile au lycée, j’ai décidé de me reprendre en main. Je vivais à Saint-Ouen, plongé dans l’ambiance du quartier et du hip-hop. L’école n’était pas ma priorité. J’ai postulé à une annonce de télémarketing au "Figaro". Trois entretiens plus tard, j’ai été recalé. En partant, le recruteur m’a orienté vers le service coursier. On m’a demandé si j’avais un scooter. Pas encore, mais j’ai promis d’en trouver un.
Mon père m’a parlé d’Ali, un ami à lui qui cherchait quelqu’un pour nettoyer ses immeubles cet été. J’ai sorti les poubelles, lavé les cages d’escalier. Grâce à ce job, j’ai pu m’acheter un Peugeot 103 pour devenir coursier. Un jour, la mère d’un pote m’a croisé dans l’escalier et m’a demandé ce que je faisais là. Gêné, j’ai menti en lui disant que j’avais oublié quelque chose chez un ami. Pourtant, je savais que ce boulot avait du sens. Dans ces quartiers, chaque métier mérite le respect.»
Thierry Cotillard, président du Groupement Mousquetaires (Intermarché)
- Assistant administratif dans un Intermarché portugais
«Eté 1992. J’avais 18 ans quand j’ai décroché un job dans un Intermarché tout juste ouvert à Abrantes, petite ville du Portugal. J’assistais le directeur, un entrepreneur local, en créant un fichier informatique pour passer les produits en caisse. Je bossais sans compter mes heures, parfois tard le soir. Ça a été formateur. J’ai eu ce job grâce à un coup de pouce familial.
C’était une chance, et c’est pour ça qu’aujourd’hui, je tends la main à des jeunes qui n’ont pas forcément de réseau. J’étais nourri, logé, payé. Ce job m’a surtout ouvert les portes du monde de l’entreprise et de l’entrepreneuriat. J’ai rencontré des dirigeants passionnés et pionniers qui m’ont donné envie de devenir chef d’entreprise moi aussi. C’est là que tout a commencé.»
Nina Métayer, cheffe pâtissière
- Hôtesse d’accueil aux Francofolies de La Rochelle
«J’ai obtenu mon premier job d’été à 17 ans en déposant mon CV directement aux organisateurs des Francofolies de La Rochelle. Au départ, j’étais hôtesse d’accueil, mais j’ai vite voulu plus : talkie-walkie, badge, responsabilités. J’ai évolué pour devenir hôtesse de loge, servant des boissons à des artistes comme M, Mika ou Tryo. Ce job demandait réactivité, discrétion et une bonne gestion du stress. Ne reconnaissant pas toujours les célébrités, je faisais mine de les connaître et sollicitais discrètement mes copines invitées dans le VIP pour m’indiquer leur identité.
Ces expériences m’ont donné le goût du travail, elles m’ont appris à dépasser les moments difficiles et à m’adapter rapidement. Aujourd’hui, quand je recrute des saisonniers, je leur dis toujours : un job d’été, c’est l’occasion de se démarquer, de rencontrer des gens et de progresser.»
Amélie Oudéa-Castéra, présidente du Comité national olympique et sportif français
- Responsable du planning des courts à Roland-Garros
“A l’été 1997, juste après mon entrée à Sciences po, j’ai eu la chance de décrocher mon premier job d’été auprès de Gilbert Ysern, le juge-arbitre de Roland-Garros. Je m’occupais de l’attribution des courts d’entraînement pour les joueurs, pour leurs échauffements d’avant-match. J’étais installée dans un local à la porte 13, pas très grand mais assez stratégique. Un matin, je vois débarquer Gustavo Kuerten, alias «Guga», avec son coach, Larri Passos. On est tombés dans les bras : Guga était un ami du circuit juniors, et Larri me donnait souvent des conseils pour mon tennis… J’étais moi-même joueuse à l’époque.
Il a gagné son match ce jour-là et, le soir, ils m’ont invitée à dîner. Une petite pizzeria au sud de Paris, sur le boulevard Victor, près de leur hôtel. Et puis c’est devenu un rituel : après chaque victoire, on s’y retrouvait. Le plus fou, c’est que cette année-là, Gustavo Kuerten a remporté Roland-Garros pour la première fois. Mais, je le jure, aucun passe-droit pour Larri. Ni pour un court ni pour quelques balles en plus. La pizzeria ? Vittoria, évidemment.»
Enrique Martinez, directeur général de Fnac Darty
- Coach de basket
«J’ai eu mon tout premier job d’été à 15 ans, comme coach de basket pour enfants à Valence, en Espagne. J’organisais les entraînements deux fois par semaine et les matchs du samedi en leur apprenant les bases du jeu. Ce job m’a permis de toucher mon premier salaire, une petite fortune à l’époque, avec lequel je me suis offert un ordinateur IBM. Rapidement, j’ai pris en charge la gestion de l’école : coordination des coachs, plannings, suivi des enfants. Le plus marquant ? La relation avec les parents, souvent persuadés d’avoir un futur Michael Jordan à la maison. Il fallait canaliser leurs attentes et protéger les jeunes.
Un job d’été, ce n’est pas juste un revenu. C’est une école de vie. Et parfois, ça change un destin. Une collaboratrice de la Fnac a commencé comme saisonnière, un été. Elle est restée. Quarante ans plus tard, elle est en charge de l’action culturelle. Ce genre de parcours, c’est ce que je trouve le plus beau dans le monde du travail. »
Jean-Charles Samuelian-Werve, cofondateur et président d’Alan
- Vendeur à la braderie de Toulon
«J’ai fait mes premiers pas dans le monde du travail à 14 ans en travaillant dans les magasins de ma famille lors de la braderie de Toulon. Mon rôle : installer des bacs vides de vêtements… et essayer de vendre. Loin d’être une expérience glamour, c’était surtout un vrai défi pour l’adolescent timide que j’étais. J’ai vite compris que vendre, c’était apprendre à sortir de sa zone de confort. Certains y parvenaient avec une aisance bluffante.
En parallèle, je m’étais lancé dans la création de sites Internet, que j’échangeais contre des GameCubes. Ce furent mes premiers pas dans le monde de la tech, où j’ai découvert cette liberté infinie qu’offre le Web, et aussi que les possibilités sont sans fin quand on ose se lancer.»
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