«Du présentiel à 100% ? Ça n’aurait aucun intérêt pour mon poste, assure Antoine, 27 ans. Il s’agirait juste d’un “ego trip” de patron qui ne donne envie ni de postuler ni de rester !» Cet ingénieur chimiste qui travaille comme consultant dans une multinationale de l’agroalimentaire ne mâche pas ses mots. La société de conseil qui l’a recruté à distance en 2021 lui donne pas mal de liberté pour choisir ses missions et il privilégie les clients qui lui permettent de partager son temps entre son domicile et le bureau. «Celui chez qui je travaille à plein temps depuis deux ans se trouve en grande banlieue, à une heure et demie de chez moi. Nous gérons cette contrainte en bonne intelligence, explique-t-il. J’essaie d’être présent au minimum les lundis après-midi, pour une réunion d’équipe dans une salle réservée à cet usage.»

Selon Antoine, ce deal met de l’huile dans les rouages de la relation de travail. Il n’a plus de difficulté pour prendre un rendez-vous médical ou faire des courses, avant de retravailler de chez lui dans la soirée. Cette souplesse ne fait que des gagnants, assure-t-il. Par exemple, il n’a quasiment jamais demandé un arrêt maladie : «En cas de gastro ou d’angine, je travaille moins, mais je peux encore envoyer des emails et éviter de bloquer l’avancée d’un projet collectif

Ce qu’Antoine, comme beaucoup de jeunes collaborateurs, cherche avant tout dans un job : de la flexibilité et une relation de confiance. Le télétravail n’en est qu’un des instruments. Le jeune ingénieur avoue même envisager sereinement de retravailler en présentiel si l’entreprise est proche de son domicile. En revanche, une culture du présentéisme où «il faudrait s’expliquer en quittant le bureau à 17 heures ou faire semblant d’être occupé pour partir avec tout le monde», très peu pour lui ! Manuelle Malot, directrice des carrières de d’Edhec et du NewGen Talent Center, confronte depuis dix ans les aspirations des jeunes diplômés à la réalité du travail en entreprise. Elle l’affirme : «La confiance est devenue incontournable et dépasse la question du télétravail. Une enquête récente, menée auprès de 2 000 diplômés de différentes écoles, ayant moins de six ans d’expérience, montre que les “horaires flexibles et le travail asynchrone” sont recherchés en priorité. Beaucoup plus que “la liberté de choisir chaque jour le lieu d’exercice de l’activité”», détaille-t-elle.

La suite est réservée aux abonnés
Abonnez-vous à Capital à partir de 1€ le premier mois
  • Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
  • Le magazine en version numérique
  • Navigation sans publicité
  • Sans engagement