L’annonce de la réforme des seuils de franchise de TVA dans le budget 2026 ne rassure pas Sarah. En effet, la réforme issue du budget 2025, instaurant un seuil unique de franchise de TVA à 25 000 euros, bien que suspendue, n'est toujours pas officiellement supprimée. «On pensait avoir un peu de répit mais non. Depuis l’annonce, on stresse, on ne dort plus», nous confie-t-elle. Actuellement, les seuils en vigueur sont de 85 000 euros pour les activités commerciales et d’hébergement, de 50 000 euros pour les avocats libéraux et artistes-interprètes et de 37 500 euros pour les activités de service et activités libérales. Par “on”, Sarah parle de toutes les personnes touchées par la réforme : des associations, des sociétés et bien évidemment les auto-entrepreneurs, catégorie à laquelle appartient Sarah, membre du collectif Stop TVA 25K.

Sarah est éducatrice sportive auprès de personnes en affection longue durée, personnes qui peuvent être par exemple atteintes d’une sclérose en plaques, d’un cancer, de diabète ou encore d’une pathologie chronique. Plus qu’une professeure de sport, elle aide ces malades à se sentir mieux chaque jour, physiquement et mentalement : «J’interviens auprès de seniors, d’enfants en surpoids, en obésité avec notamment le dispositif “mission : Retrouve ton cap” lancé par l’Assurance Maladie. J’y parle d’alimentation, de harcèlement, le tout en lien avec le surpoids et l’obésité infantile», explique l’éducatrice.

Une réforme de la TVA des auto-entrepreneurs qui aggraverait la situation d’un milieu déjà très précaire

Des patients avec une santé précaire, qui entraîne une précarité financière. Pas l’idéal pour payer des sessions de sport à 60 euros la séance. Et n’allez pas penser que tout atterrit dans les poches de Sarah : «J’interviens généralement dans des associations qui récupèrent la moitié de la somme, soit 30 euros. A ces 30 euros, vous déduisez les frais de déplacement, qui sont aussi chronophages», ajoute-t-elle.

Pas de quoi faire de Sarah la reine du pétrole, qui travaille en parallèle quatre heures par semaine dans une salle de fitness pour arrondir des fins de mois difficiles qui ne permettent que peu de fantaisies : «Je gagne environ 1 300 euros par mois après déduction de tous mes frais pour une journée type 8h-20h, déplacements compris, explique l’éducatrice. Je ne pars pas en vacances et ma fille est partie seulement une semaine en colonie de vacances cet été», s’attriste-t-elle.

Pas de quoi décourager Sarah de son métier, qu’elle aime passionnément et qu’elle aimerait exercer le plus longtemps possible. Un métier qu’elle ne pourra plus exercer si la réforme est adoptée en l’état : elle ne pourra pas répercuter la TVA sur des patients déjà précaires, et son activité n’y survivra pas. «Cela fait des mois que nous sommes en apnée, que nous sommes tous sur les dents, se lamente Sarah. Je suis exténuée, révoltée», enrage-t-elle. Reste à savoir si la réforme ô combien polémique sera retenue dans la version finale du budget 2026.