AC’est un virage à 360 degrés qui ne passe pas. Comme l’avait appris Capital, Renault a été approché par le ministère des Armées afin de s’implanter en Ukraine pour la production de drones. L’objectif : produire des appareils à destination des forces armées ukrainiennes, mais aussi françaises. «Des échanges ont eu lieu, aucune décision n’est prise à ce stade car nous attendons notamment des précisions sur ce projet de la part du ministère», avait confié le constructeur automobile qui pourrait s’associer à EOS Technologie, une PME française créée en 2018.

Sauf que voilà, il y a un hic. Comme le rapporte BFM Business, cette annonce n’est pas au goût d’une partie des salariés de Renault qui ont manifesté de vives inquiétudes sur ce possible projet de construction de drones. «Beaucoup de salariés nous ont interpellés, ils ont signé pour fabriquer des voitures et pas des armes», fait savoir un responsable Force Ouvrière (FO). Par ailleurs, selon un délégué de la CGT, plusieurs salariés de l’entreprise ont d’ores et déjà commencé à questionner leur hiérarchie afin de savoir «s’ils peuvent refuser une telle mission»

Renault bientôt la cible de violentes cyberattaques ?

Le sujet est d’autant plus sensible que Renault emploie beaucoup d’étrangers, et notamment des Russes et des Ukrainiens. Ainsi, alors que ces derniers travaillent aujourd’hui main dans la main sur les chaînes de production, une telle proposition de la part du ministère des Armées à Renault pour fabriquer des drones envoyés directement sur les zones de conflit risque de créer de vives tensions en interne. D’autres, à l’inverse, redoutent que l’entreprise soit la cible de cyberattaques de plus en plus violentes à court ou moyen terme.

Si cela n’est pas la première fois que le constructeur automobile s’implique dans un conflit dans le secteur de la défense - Renault avait fabriqué des obus lors de la Première Guerre mondiale - «à l’époque c’est la France qui était en guerre», fustige un responsable syndical. Alors que pour l’heure aucune décision n’a encore été actée et seule une prise de contact effectuée, selon un responsable syndical, la fabrication de ces drones pourrait avoir lieu dans un premier temps au sein de l’usine du groupe située en Slovénie. Une supposition qui reste toutefois au stade de rumeur mais qui pourrait permettre, si elle se concrétise, d'apaiser les tensions.