Dans plusieurs stations balnéaires ou sites touristiques français, les vacanciers ne se pressent plus aux terrasses. Et les coupables sont tout trouvés : les prix, jugés excessifs, voire «délirants» selon certains témoignages relayés sur les réseaux sociaux et relevés par La Voix du Nord. «Une assiette de pâtes à 29 euros et une salade à 25 euros, s'indigne une internaute - à ce tarif-là, même en Italie, on mange trois fois mieux pour deux fois moins cher». Ces critiques se multiplient depuis le début de l'été, signe d'une frustration qui grossit autant que les prix.

Le phénomène semble s'amplifier dans les zones très touristiques comme le Pays basque, le littoral méditerranéen ou encore certaines villes d'Alsace. De nombreux établissements voient leur fréquentation chuter, malgré une météo favorable et des flux touristiques importants. «Quand je vois les prix, je préfère me faire un pique-nique ou cuisiner moi-même», explique un touriste croisé sur une aire de repos. Pour beaucoup de restaurateurs, les tarifs élevés s'expliquent par une explosion des coûts : énergie, matières premières, loyers et salaires.

Une équation économique de plus en plus intenable

Mais les justifications ne suffisent pas toujours à convaincre les clients. «Il y a un moment où le portefeuille ne suit plus», confirme une vacancière. Selon l'Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), la fréquentation des restaurants est en baisse de 15 à 20 % en France. Et certains professionnels reconnaissent que la flambée des prix risque de se retourner contre le secteur, le syndicat alertant sur un danger de désaffection durable. A cela s'ajoute une concurrence de plus en plus forte des snacks, food trucks ou plateformes de livraison, plus abordables. Autre phénomène qui agace sérieusement : l'essor des plats «instagrammables» aux portions réduites mais au tarif premium.

Dans ce contexte, l'UMIH appelle à la prudence et au rééquilibrage des pratiques tarifaires. Les professionnels redoutent en outre que la clientèle étrangère, elle aussi confrontée à l'inflation, soit durablement dissuadée. Plusieurs établissements envisageraient déjà de réviser leur carte ou de proposer des formules plus accessibles pour éviter une saison blanche. Voire pire. D'après le chef étoilé Thierry Marx, président de l'UMIH, 25 restaurants fermeraient tous les jours en France.