Comment le gouvernement va-t-il parvenir à réaliser les économies escomptées ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. Après la présentation le 15 juillet dernier par François Bayrou des pistes envisagées pour trouver près de 44 milliards d’euros d’économies, le secteur de la santé risque bien d’être mis à contribution. Dans une interview accordée au journal Le Monde, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a détaillé plusieurs mesures visant à freiner les dépenses de santé à partir de l’an prochain.

Alors que le Premier ministre a demandé à ce que les dépenses dans le secteur de la santé soient freinées à hauteur de cinq milliards d’euros pour 2026 grâce à une «responsabilisation» des Français, ces mesures d’économies pourraient concerner une limitation du tout premier arrêt de travail à 15 jours en médecine de ville pour éviter «les abus», les affections longue durée (ALD) ou encore le maintien «du remboursement à 100 % des cures thermales et des médicaments dont le service rendu est faible pour les patients en ALD», détaille Catherine Vautrin.

Un coût de 350 millions d’euros en 2023 pour l’Assurance maladie

Il faut dire qu’avec 20 % du capital thermal sur le continent, la France occupe aujourd’hui la troisième place des pays européens en termes d’offre et de fréquentation des cures thermales. Ce traitement médical d’une durée de 18 jours est prescrit par un médecin aux personnes qui souffrent de maladies chroniques. Pour autant, si les soins médicaux dont bénéficient les patients grâce à une eau chaude chargée en minéraux ont le soutien de nombreux praticiens, sur le plan médical, les médecins s’opposent néanmoins sur le sujet. En effet, si certains saluent une pratique millénaire ayant prouvé son efficacité en termes de prévention et d’apaisement de certaines maladies, d’autres, à l’inverse, pointent du doigt la prise en charge de ces séjours par l’Assurance maladie et estiment que c’est le repos de 18 jours qui facilite la convalescence, rapporte Public Sénat.

Car les séjours en cure thermale ont un coût. Et pas des moindres. Selon les chiffres de la Dress, en 2023, les cures thermales ont coûté près de 350 millions d’euros à l’Assurance maladie, contre 302 millions d’euros l’année précédente, soit une hausse de 16 %. Dans le détail, une cure coûte en moyenne 560 euros pour chaque patient, dont 400 euros sont remboursés. Si aujourd’hui le gouvernement vise à supprimer le remboursement à 100 % de ces cures, dans un rapport, la Cour des comptes avait elle aussi pointé une piste d’économie dans ce sens. «Dans le contexte actuel des finances sociales, il serait nécessaire de remettre en cause cette prise en charge», avait-elle écrit en s’appuyant sur le manque de «service médical démontré».