L’entreprise américaine pilier de la photographie Kodak va mal. Elle traverse des difficultés financières qui pourraient la faire plonger. C’est ce qu’a annoncé l’entreprise à ses investisseurs lundi 11 août, en expliquant qu’elle ne disposait pas «de financement engagé ou de liquidités disponibles» pour pouvoir payer les 500 millions de dollars de dettes à venir, selon CNN. «Ces conditions soulèvent des doutes importants quant à la capacité de l'entreprise à poursuivre ses activités», a déclaré Kodak dans un communiqué.

Pour tenter de s’en sortir, la société souhaite même cesser les versements liés à son régime de retraite, tout en déclarant qu’elle ne s’attend pas à ce que les nouveaux droits de douane aient «un impact significatif» sur son chiffre d'affaires. En effet, l’entreprise fabrique la plupart de ses produits aux États-Unis, des appareils photos aux encres et aux pellicules. «Au deuxième trimestre, Kodak a continué à progresser dans la réalisation de son plan à long terme malgré les défis posés par un environnement commercial incertain», a déclaré Jim Continenza, PDG de Kodak, dans le communiqué sur les résultats. Selon un porte-parole, l’entreprise est aussi convaincue de pouvoir rembourser la majorité de son prêt avant l’échéance. Pourtant, les marchés semblent avoir des doutes : l’action de Kodak a chuté de plus de 25% mardi 12 août.

De la gloire au déclin

L’histoire de Kodak commence à la fin du 19ème siècle : fondée officiellement en 1892, l’entreprise remonte en fait plutôt à 1879, date à laquelle George Eastman dépose le premier brevet pour une machine à enduire les plaques photographiques. Le premier appareil photo Kodak est lancé neuf ans plus tard. Et le slogan marquera les mémoires : «Vous appuyez sur le bouton, nous nous occupons du reste.» Quant à son nom, inventé par Eastman, il est basé sur son impression que la lettre K est sa préférée, et qu’il la juge alors «forte et incisive».

Pendant un siècle entier, Kodak domine le marché de la photographie. Dans les années 1970, la marque contrôle jusqu’à 90% des ventes de pellicules, et 85% des ventes d’appareils photo aux États-Unis. Mais l’erreur de Kodak a été de ne pas investir dans l’appareil numérique à temps. Si la marque invente le premier appareil numérique en 1975, elle tarde à le prendre au sérieux, et laisse la place à ses concurrents. En 2012, l’entreprise se place sous la protection de la loi sur les faillites, elle a alors 100 000 créanciers, et près de 6,75 milliards de dollars de dettes. En 2020, elle a un sursaut, quand la Maison-Blanche lui demande de produire des ingrédients pharmaceutiques. Aujourd’hui, Kodak produit toujours des produits chimiques et des pellicules, mais l’avenir reste flou.