
«Sur ce coup-là, les Américains ont été très forts, les Européens ont été très nuls.» Nicolas Bouzou ne mâche pas ses mots sur le plateau de BFMTV mercredi 12 novembre. Il estime qu'aujourd'hui «en matière spatiale» l'Europe est «dans une situation critique» à cause du retard pris sur son concurrent outre-Atlantique. Les chiffres ne jouent, en effet, pas en faveur du vieux continent. En 2024, SpaceX, entreprise américaine spécialisée dans le domaine de l'astronautique et du vol spatial, détenue par Elon Musk, a réalisé 261 lancements orbitaux contre seulement trois en Europe.
«Le risque c'est qu'il ne nous reste plus rien» alerte Nicolas Bouzou. Emmanuel Macron a donné ce mercredi après-midi un discours à la base aérienne 101 à Toulouse au sujet de la stratégie française dans un espace «devenu un champ de bataille» rapporte RFI. Le président de la République a également mis en avant le développement des futurs lanceurs européens réutilisables pour gagner en compétitivité face à SpaceX. Selon Nicolas Bouzou, «ce n'est pas de discours dont on a besoin » mais « d'actions très rapides pour se rapprocher du modèle américain».
Un problème de concurrence
En effet, le chroniqueur pointe du doigt une différence qu'il considère «absolument fondamentale» entre l'Europe et les États-Unis : le droit à la concurrence. «Ce n'est pas du tout un détail» martèle-t-il, «SpaceX est un constructeur de fusées, un lanceur et un opérateur télécom, Starlink». Son concurrent français, Ariane, est «seulement» un lanceur de fusées. Pour des « raisons de concurrence », Ariane n'a en effet «pas le droit d'être le fabricant», rôle de la société Airbus, ou d'être «un opérateur téléphonique». Pour Nicolas Bouzou, cette situation est un «énorme problème» et défavorise beaucoup le modèle européen face à SpaceX.
Par ailleurs, aux États-Unis, la conquête de l'espace est mieux coordonnée et surtout mieux financée. «Tout est organisé, de façon très saine par la Nasa qui est un donneur d'ordre» explique Nicolas Bouzou qui précise aussi le volet financier de cette organisation. La Nasa donne un contrat par exemple à SpaceX de ravitaillement de station spatiale internationale, un contrat qui est «bien payé». La marge effectuée par SpaceX permet ensuite au groupe de financer des lanceurs ou des satellites innovants. Lors de son discours Emmanuel Macron a déclaré qu'il rallongera de 4,2 milliards d'euros supplémentaires au spatial militaire d'ici 2030.

















