
«Je voudrais bien mais je ne peux pas !». Ainsi peut-on résumer l’attitude des copropriétaires face aux travaux de rénovation énergétique, selon le baromètre publié par Hellio ce mercredi 5 novembre. Sur les quelque 700 copropriétaires interrogés par cette société spécialisée dans l’efficacité énergétique, la quasi-totalité (96%) connaît sur le bout des doigts le calendrier d’interdiction de mise en location des passoires thermiques, qui frappe les logements notés G sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) depuis le 1er janvier 2025 et s’étendra à ceux classés F en 2028 puis aux biens notés E en 2034. Difficile de faire plus concret pour des copropriétaires bailleurs : s’ils ne rénovent pas leurs passoires énergétiques, ils ne pourront plus les mettre en location !
Pour autant, les deux tiers des personnes interrogées n’envisagent pas d’investir plus de 5 000 euros, au grand maximum, dans des travaux de rénovation énergétique au cours des cinq prochaines années… Dans le détail, 35,5% des sondés sont disposés à débourser entre 1 000 et 5 000 euros et 31% ne peuvent pas mettre plus de 1 000 euros. A l’autre extrémité du spectre, ils sont moins de 15% à envisager de dépenser plus de 10 000 euros. Or il faut compter plus de 1 000 euros par mètre carré pour porter une note G à l’étiquette E , la rénovation énergétique d'un appartement s'accompagnant souvent de la mise aux normes de l'électricité et la réfection de la salle de bains !
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Des aides à la rénovation énergétique de moins en moins nombreuses
«La capacité d’investissement des ménages dans la rénovation énergétique est en forte baisse», constate Louis-Marie Gillier, responsable commercial pour l’habitat collectif chez Hellio, rappelant que près de la moitié d’entre eux était encore encline à investir entre 1 000 et 5 000 euros en 2023, date de la publication du précédent baromètre de la société. C’était il y a deux ans seulement mais, à l’époque, «Emmanuel Macron venait d’être réélu président de la République, il y avait davantage de stabilité politique qu’aujourd’hui et beaucoup plus de subventions pour la rénovation énergétique, alors que les aides nationales et locales sont de moins en moins nombreuses, aujourd’hui», explique-t-il.
De fait, la principale aide publique à la rénovation énergétique des logements, MaPrimeRénov’, a été suspendue pour les rénovations d’ampleur du 23 juin au 30 septembre, en raison d’un trop-plein de demandes et de cas de fraudes. Et le guichet a rouvert avec des conditions d’éligibilité durcies. Près de la moitié des copropriétaires interrogés reprochent ainsi aux aides à la rénovation énergétique d’être «trop instables». «Ils ont peur que les aides s’arrêtent, du coup, ils hésitent à s’engager», analyse Louis-Marie Gillier. Denis Jacques, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi) en Gironde, va plus loin : «Les aides ont été si considérablement réduites que ce n’est peut-être pas la peine de se lancer dans le montage d’un dossier de demande de financement qui n’aboutira pas !».



















