Vous n'avez pu réprimer un sourire lorsque vos copains Gwenaëlle et Basile vous ont annoncé être devenus les heureux propriétaires d'une résidence secondaire à La Ferté-Bernard. Pour vous, résidence secondaire rime avec Luberon, Corse, Cap-Ferret… La Ferté, vous êtes bien en peine de la localiser! Mais vous vous êtes montré moins goguenard lorsque Basile et Gwen ont précisé qu'ils avaient acheté leur maison de 81 mètres carrés, entièrement rénovée et dotée de la fibre optique, dans l’hypercentre de la «Venise de l’Ouest», pour 150 000 euros, soit 1 852 euros le mètre carré. Tout cela à seulement deux heures de Paris en train! Le Perche, sarthois dans le cas de La Ferté-Bernard, fait partie des sept nouveaux spots identifiés par Capital où vous pourrez acquérir une résidence secondaire à partir de 150 000 euros seulement.
«La crise sanitaire a engendré une démocratisation des résidences secondaires, ce qui a profité à des régions jusqu’alors relativement délaissées», explique Julien Haussy, président du réseau d'agences immobilières Espaces atypiques. Les confinements à répétition ont en effet donné des envies d’espace et de verdure à nombre de Français, qui n'avaient jamais imaginé auparavant acquérir une résidence secondaire, faute de moyens. D’où cette «revanche des régions abordables», accentuée par le quadruplement des taux de crédit immobilier ces deux dernières années, confirme Pierre Chapon, cofondateur de Pretto. Ce courtier a ainsi constaté des chutes de 22% et de 17%, respectivement, des demandes de financement immobilier en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et en Normandie, entre 2021 et 2023, alors qu’elles ont augmenté en… Bourgogne-Franche-Comté et dans les Pays de la Loire.
Le nouveau concept de la résidence mi-principale, mi-secondaire
Julien Haussy cite précisément la vallée de la Loire parmi les nouveaux spots de résidences secondaires abordables, avec ses châteaux, ses sites troglodytiques et… sa proximité avec Paris. Car, avec le boom du télétravail depuis la pandémie de Covid-19, la résidence secondaire n’est plus réduite à la simple maison des vacances. Elle devient une semi-résidence principale, que l’on peut habiter du mercredi soir au lundi matin, par exemple, sur la base de deux jours hebdomadaires de télétravail cumulés les jeudis et vendredis.
A condition de ne pas se trouver trop loin de son lieu de travail et de bénéficier d’une bonne connexion Internet, c'est tout à fait jouable. «La fibre a été fortement déployée dans les campagnes ces trois dernières années. A défaut, on peut souvent compter sur une bonne connexion 4G», assure Julien Haussy. Située à 2 heures 15 de la capitale, en train comme en voiture, avec un prix au mètre carré oscillant entre 900 et 1900 euros seulement, pas étonnant que Romorantin-Lanthenay, dans le Loir-et-Cher, «attire de plus en plus d’acheteurs à la recherche d’une résidence abordable et bien connectée», observe-t-il.
S'éloigner du TGV pour dénicher des résidences secondaires pas chères
En écho à Pierre Chapon, il évoque aussi le nord de la Bourgogne parmi les nouveaux spots de résidences secondaires à prix doux : «Pour 100 000 euros, vous pouvez avoir une maison à Saint-Sauveur-en-Puisaye», le village natal de l’écrivaine Colette, dans l’Yonne. Ce département «n’est vraiment pas cher», renchérit Thomas Lefebvre, vice-président de SeLoger-Meilleurs Agents en charge des data, avec un prix moyen au mètre carré de 1 500 euros. Et pour cause : «Si on veut la campagne et pas de voisins, c’est dans l’Yonne qu’il faut aller», sourit Thomas Lefebvre.
Julien Haussy abonde : «Pour trouver des spots de résidences secondaires pas chers, il faut s’éloigner un peu du TGV, il s’agit donc plutôt de destinations à la campagne». On vous l’accorde, 1 heure 50 de train entre Paris et Cosne-Cours-sur-Loire, puis trente minutes de taxi pour rallier Saint-Sauveur, il y a mieux! En voiture, en revanche, le trajet est très faisable, 2 heures 30 seulement séparant la capitale du pays de Colette. «J’ai trois amis parisiens qui ont acheté à Saint-Sauveur-en-Puisaye», rapporte le patron d’un réseau d’agences immobilières.
Les résidences secondaires dans l'Ouest ont le vent en poupe
L’Yonne a une autre vertu : les températures en été flirtent avec une agréable moyenne de 22 degrés. Thomas Lefebvre n’exclut donc pas de voir son attrait encore renforcé dans les prochaines années, à la faveur du réchauffement climatique. Un phénomène de reports d’achats de résidences secondaires qu’il observe depuis quelques années déjà au bénéfice de l’ouest de la France, qu’il s’agisse de la Bretagne ou du bassin d'Arcachon, au détriment de la région Paca.
A Annonay, dans l’Ardèche, la température moyenne en été tutoie plutôt les 27 degrés. Avec un prix moyen au mètre carré compris entre 1 500 et 2 000 euros, cette ville de 17 000 âmes, plus précisément sa campagne environnante, n’en constitue pas moins le nouveau point de chute, pas trop cher, des Lyonnais, qui ne sont qu’à une heure de route. Mais l’Ardèche dans son ensemble attire aussi les Parisiens, pour peu que leur future maison de campagne ne soit pas loin de la gare TGV de Valence, qui les place à deux heures ou 2 heures 30 de la capitale. «Nous avons une demande incroyable», témoigne Julien Haussy.
D'autres acheteurs que les Anglais, dans le Lot
A ces fans de soleil, pas découragés par la multiplication des épisodes caniculaires, le Lot aussi tend les bras. Jusqu’alors très prisé par les Anglais, comme la Dordogne, ce département tape désormais davantage dans l'œil des Français depuis la crise sanitaire et la crise immobilière. Pensez donc, dans le charmant village de Montcuq-en-Quercy-Blanc, le prix du mètre carré n’excède pas 1 645 euros! Surtout si vous êtes prêt à acheter une maison dans le bourg plutôt que dans la campagne environnante. Eh oui, sans terrain, c’est moins cher! Et puis, une maison à deux pas de la boulangerie, de l’épicerie et du café de la mairie, voilà un bon plan pour des citadins qui n’ont pas forcément envie de renoncer à toute vie sociale et aux commodités pendant leurs vacances.
Autre bon plan, l’Aude. Ce département n’est autre que celui du pourtour méditerranéen où l’immobilier est le moins cher, avec un mètre carré autour de 1 500 euros pour les appartements et de 1650 euros pour les maisons. Sa préfecture, Carcassonne, outre la beauté de ses remparts, a pour atouts une gare et une autoroute, l’A61, qui la placent à environ une heure de Toulouse en train comme en voiture. Ce qui en fait un lieu de villégiature apprécié des habitants de la Ville rose, d’autant plus que Carcassonne se trouve à moins d’une heure des plages.
Un marché des résidences secondaires encore frileux dans le Nord
La mer, il faut au contraire s’en éloigner pour trouver une résidence secondaire pas chère en Normandie. Pas question de prospecter Cabourg, Deauville et autres communes de la Côte fleurie (lire pages suivantes), direction l’intérieur des terres car, à quarante-cinq minutes de voiture du bord de mer, les prix sont tout bonnement divisés par deux.
Vous tenez par-dessus tout au littoral normand? Que diriez-vous d’une maison contemporaine de 76 mètres carrés avec jardin à Fécamp, pour 172 000 euros, soit 2 263 euros le mètre carré? Pas donné mais encore raisonnable. Vous pouvez également pousser vers la région voisine des Hauts-de-France, plus particulièrement dans la baie de Somme. Julien Haussy, chez Espaces atypiques, le regrette, mais «les gens ne sont pas tellement tentés par l’achat de résidences secondaires dans le Nord». Pour l’instant mais demain, avec le réchauffement climatique?
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