«L’année prochaine, on fait mettre la clim’ dans la maison Votre Normand de mari a mal supporté la première vague de chaleur de l’été 2025 et anticipe déjà les canicules de l’an prochain. Il n’a pas tort : selon le rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) de 2022, «la fréquence, la durée et l’intensité des vagues de chaleur vont augmenter. Elles pourraient survenir trois années sur quatre et durer de mai à octobre», écrit l’Agence de la transition écologique (Ademe), dans une note publiée le 18 juin, ajoutant que «des études récentes montrent qu’il sera de plus en plus indispensable d’installer des équipements de climatisation à l’horizon 2050». Un quart des ménages français en ont déjà fait l’acquisition.

Mais la climatisation présente bien des inconvénients, soulève l’Ademe. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain n’est pas le moindre. Sans doute avez-vous déjà vu chez de petits commerçants des climatiseurs amovibles équipés d’un tuyau coincé dans la porte de la boutique. Ces systèmes de climatisation «rejettent de la chaleur dans l'air extérieur, contribuant ainsi à l'aggravation de la surchauffe urbaine», explique l’Ademe. L’Agence cite une étude de modélisation, appliquée à l’Ile-de-France, qui montre que la généralisation de la climatisation pourrait augmenter les températures extérieures jusqu'à 2 degrés à Paris. En cas de vagues de chaleur encore plus intenses que la canicule de 2003, l’augmentation pourrait même être supérieure à 3,6°C, alerte l’Ademe. Qui imagine la possibilité «d’un malus sur les équipements les moins performants» pour tenter de limiter la contribution de la climatisation au phénomène d’îlot de chaleur urbain.

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Poids de la climatisation sur la facture énergétique

Autre inconvénient des climatiseurs, leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). L’utilisation de la climatisation a généré 4,4 millions de tonnes de CO2 en 2020 (dernières données disponibles), soit environ 5% des émissions totales de la France, dont 3,5 millions de tonnes liées aux gaz frigorigènes et 0,9 million de tonnes imputables à la consommation de CO2 par les équipements de climatisation. Les climatiseurs ont par ailleurs besoin d’électricité pour fonctionner. En 2020, la consommation d’énergie par les systèmes de climatisation s'est élevée à 15,5 TWh (terawattheure), dont 10,6 TWh dans le secteur tertiaire (bureaux et commerces) et tout de même 4,9 TWh dans le résidentiel (les maisons individuelles étant les plus gros consommateurs).

Compte tenu de l'intensification des vagues de chaleur, l’Ademe n’exclut pas que la consommation d’énergie des systèmes de climatisation bondisse à 27 TWh en 2050. Avec un impact inévitable sur la facture énergétique des ménages, autrement problématique que «les nuisances sonores et visuelles» des climatiseurs, également mises en exergue par l’Ademe.

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Occulter, isoler, aérer, brasser

Pour cette dernière, la gestion des «surchauffes» des logements doit passer en premier lieu par l’installation «systématique» de protections solaires extérieures efficaces, comme les volets, jalousies, stores et brise-soleils. L'isolation des bâtiments, idéalement par l'extérieur, est elle aussi «essentielle» pour limiter l'inconfort thermique, souligne l’Ademe. Cela peut sembler évident mais l'aération nocturne constitue également «un levier important» pour améliorer le confort thermique. «Combiner l'isolation avec la possibilité d'aérer les locaux la nuit est crucial», insiste l’Agence de la transition écologique. Et celle-ci de rappeler que «les brasseurs d'air (ventilateurs) sont également «une solution complémentaire efficace, à faible coût et limitant la consommation d'énergie».