
C'est sans doute la mesure la plus explosive du projet de budget de la Sécurité sociale : le gel des pensions de retraite et des minimas sociaux. Une nouvelle fois, après l'avoir écarté en première lecture, les députés l'ont rejetée ce vendredi 5 décembre. Les députés ont supprimé la mesure par 197 voix contre 84. Dans son texte initial, le gouvernement prévoyait le gel de toutes les pensions de retraite et des prestations sociales (allocations familiales, RSA, APL...), habituellement indexées sur l'inflation.
Les députés avaient très largement rejeté ce gel en novembre. Le Sénat, en quête d'économies, avait ensuite rétabli un gel des pensions de retraite, sauf pour celles inférieures à 1 400 euros par mois, ainsi que le gel de la plupart des prestations sociales. Durant les débats vendredi soir, le gouvernement a tenté de convaincre les députés d'adopter une version plus ciblée du gel, par exemple en protégeant les retraites sous un certain seuil, y compris plus élevé que celui décidé au Sénat. En vain.
Vers un déficit plus important que prévu ?
«La désindexation, c'est la violation de la loi», a tonné la cheffe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen. «Les retraites ne sont pas un privilège. C'est le fruit d'une vie de travail de gens qui ont cotisé», a abondé le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez, en appelant à plutôt «faire des économies sur la dépense publique».
Une «année blanche» n'est «blanche que pour les puissants et les fortunés», mais elle est «noire pour les familles, pour les jeunes, les retraités et tous nos concitoyens les plus précaires», a lancé la députée socialiste Sandrine Runel. Selon la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, le déficit de la Sécurité sociale pour 2026 après le vote supprimant ce gel est virtuellement porté à 22,5 milliards d'euros (en ne prenant pas en compte les transferts prévus des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu pour lui donner de l'air).
La réforme des retraites de nouveau suspendue
Dans la foulée, les députés ont rétabli, sans surprise, et à une très grande majorité, la suspension de la réforme des retraites dans ce projet de budget de la Sécurité sociale. Supprimée par le Sénat en première lecture, la mesure a été réintroduite via des amendements identiques portés par le gouvernement, les socialistes, le RN, le groupe centriste Liot et quelques députés LR. Il s'agissait d'une condition de la non-censure du gouvernement de Sébastien Lecornu par les socialistes.

















