Mardi 15 juillet, François Bayrou a levé le voile sur son plan de redressement des finances publiques, fruit de plusieurs mois de travail gouvernemental. Ce budget 2026, ambitieux, prévoit 43,8 milliards d’euros d’économies, tout en intégrant la hausse des dépenses de défense annoncée deux jours plus tôt par Emmanuel Macron. L’objectif : ramener le déficit public à 4,6% du PIB dès 2026, contre 5,4% attendus en 2025, avant de passer sous les 3% en 2029.

Pour atteindre cet objectif, le Premier ministre mise sur une «année blanche», dont le principe est simple : «Ne pas dépenser plus en 2026 qu’en 2025.» Le chef du gouvernement défend un «effort collectif», qui sera, dit-il, «important mais temporaire». Habituellement, le budget est ajusté selon l’inflation. Dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2026, le chef du gouvernement souhaite geler les crédits alloués à l’ensemble des ministères, à l’exception de ceux des Armées.

L’«année blanche» peut-elle générer des milliards d’économies ?

Une «année blanche» pour maîtriser les dépenses

François Bayrou a été clair : le montant des retraites de «chaque pensionné» restera le même en 2026 qu’en 2025. Il a également annoncé le gel des prestations sociales, dont «l’ensemble» sera «maintenu à leur niveau de 2025». Cet effort, a-t-il justifié, sera facilité «par la presque disparition de l’inflation cette année», prévue autour de 1%. «L’année blanche» concernera aussi «la masse salariale publique», a poursuivi le Premier ministre. En 2026, le gouvernement ne prévoit «pas de mesure de revalorisation générale ou catégorielle dans les ministères».

Le «barème de l'impôt sur le revenu de la CSG (contribution sociale généralisée) sera maintenu» lui aussi en 2026, a-t-il ajouté. Or, même si l’inflation a fortement ralenti, le fait de ne pas indexer ces barèmes sur les prix pourrait réduire indirectement le pouvoir d’achat, accroître la pression fiscale ou faire entrer de nouveaux foyers dans l’impôt sur le revenu.

Jusqu’à 7 milliards d’euros d’économies en 2026 ?

François Bayrou estime que le montant total des économies réalisées grâce à une «année blanche» serait de 7 milliards d’euros. L’Institut des politiques publiques (IPP) qui a publié une étude le 30 juin, indique que le gel des retraites, des prestations sociales et du barème de l'impôt sur le revenu permettrait d’économiser 5,7 milliards d’euros. Ce chiffrage se base sur une inflation annuelle de 1,3% mais elle est attendue en moyenne à 1% en 2025 par l’Insee (Institut national de la statistique). En revanche, dans leurs études, les auteurs précisent qu’avec une telle mesure «3,2% des ménages verraient leur niveau de vie diminuer d’au moins 1%».

Dans une autre étude, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) parie plutôt sur une économie totale de 6 milliards d’euros. Pour l’organisme, le gel de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation rapporterait 3,7 milliards d’euros. Mais 10 millions de ménages dont «la personne de référence est retraitée» verraient leur revenu disponible réduit de plusieurs centaines d’euros, précisent les auteurs.

Du côté de l’opposition, le concept de «l’année blanche» ne fait pas l’unanimité. Manuel Bompard, coordinateur LFI, évoque plutôt sur Franceinfo une «année rouge», Sophie Binet, à la tête de la CGT parle d’une «année noire». «Ce serait une année où les Françaises et les Français s'appauvriraient parce que cela veut dire très concrètement que les salaires, le financement des services publics, les prestations sociales, les retraites ne suivraient pas le montant de l'inflation. Donc toutes et tous, nous perdrions en pouvoir d'achat», a-t-elle justifié sur Télématin mardi 15 juillet. Quant au RN, Sébastien Chenu, député, estime que le recours à une «année blanche» reviendrait à instaurer un «impôt déguisé». La droite, quant à elle, oppose son veto à toute hausse d’impôts, même indirecte.

Un calendrier serré pour faire adopter le budget 2026

Les propositions de François Bayrou seront examinées à l’automne, lors du débat parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2026. L’Assemblée nationale a suspendu ses travaux à l’issue des sessions ordinaire et extraordinaire, qui reprendront à la rentrée. En attendant, les oppositions ne peuvent pas déposer de motion de censure, mais la menace reste bien présente. La France insoumise a déjà annoncé qu’elle en déposera une.