
Quand le losange vacille sans tomber… Renault, qui vient d’encaisser une claque liée à son partenaire Nissan, prépare en effet la riposte. Le groupe automobile a publié ses résultats financiers du premier semestre, alignés avec l'avertissement émis à la mi-juillet. Même s’il fait mieux que la plupart de ses concurrents, et affiche un chiffre d'affaires à 27,6 milliards d'euros, en hausse de 3,6% par rapport au 1er semestre 2024, le constructeur a en effet vu son bénéfice plonger de 69% à 461 millions d’euros. Mais après un changement de traitement comptable, l’ardoise totale (part du groupe) se chiffre plutôt à 11,18 milliards d'euros, conséquence d'une perte exceptionnelle de 9,5 milliards, enregistrée sur sa participation dans Nissan. Rappelons que Renault détient 35% dans le capital de son allié japonais.
Cette contre-performance ne décourage pas pour autant le patron du groupe automobile Renault, François Provost, dont la prise de poste est effective aujourd'hui 31 juillet. Le nouveau boss se montre même plutôt ambitieux. Dans un premier communiqué, il déclare que «la rentabilité de Renault demeure une référence dans notre industrie, et nous sommes déterminés à maintenir ce standard.» Il est vrai qu’atteindre une marge opérationnelle de 1,7 milliard, soit 6%, relève presque de l’exploit par les temps qui courent. Pour sa première prise de parole, ce Français qui travaille dans le groupe au losange depuis 23 ans se dit clairement confiant dans les fondamentaux du groupe.
Renault prépare un nouveau plan d'économies
Dans une conférence dédiée à la presse française, ses premiers mots ont été rassurants pour les analystes et les salariés. «J’ai trois convictions. La première est que le produit, la voiture, est et restera au cœur de la stratégie, notamment en réussissant le 2e cycle avec la Twingo électrique etc, et aussi en donnant toujours la priorité à la valeur plutôt qu’aux volumes de vente.» Dès lors, le groupe entend poursuivre sa stratégie en misant sur des véhicules au style audacieux, telle que la R5 électrique, qui séduisent les consommateurs et permettent de dégager une rentabilité importante.«La deuxième est que nous savons exactement ce qu’il faut faire pour accélérer notre transformation face à la concurrence asiatique. Nous avons réussi à développer la Twingo en seulement 21 mois, et le but serait d’étendre le processus à l’ensemble de l’entreprise et évidemment à l’ensemble de nos fournisseurs. Puis, la troisième, c’est de parvenir à s'appuyer sur les 100 000 collaborateurs, partenaires et fournisseurs clés pour aller chercher la performance. Nous allons travailler d’arrache-pied dans les prochaines semaines et prochains mois, qui s’annoncent chargés.»
La direction prévoit de préciser prochainement un plan d’économies axé en priorité sur la réduction des coûts de production, de recherche et développement et de négociation avec les partenaires. «C’est faire en sorte que notre écosystème français soit à un niveau de compétitivité en termes de coûts, de vitesse de développement et d’innovation». Par ailleurs, selon les informations de Libération, qui a consulté un courriel interne adressé aux managers, cette stratégie inclurait également un gel des recrutements jusqu’en décembre.
«Le contexte imposera de faire des choix de priorité, et il y aura toujours le produit en tête. Si on parle d’Alpine, c’est peut-être un rêve que d’avoir une marque premium sportive française mais c’est la bonne stratégie, mais maintenant il faut que l’on exécute». Pour ce qui est de l’aura de Renault à l’international, François Provost entend reconsidérer davantage le hors Europe, mais il visera plutôt l’Inde et l’Amérique du Sud. La Chine et les États-Unis ne sont pas les priorités du prochain plan.
Selon Jean-Dominique Senard, président de Renault, François Provost représente une certaine stabilité, mais avec lucidité : cela ne signifie pas pour autant que le nouveau directeur opérationnel suivra scrupuleusement la voie tracée par Luca de Meo. «François Provost incarne une forme de continuité, mais avec les yeux ouverts, c’est-à-dire une continuité qui permet de comprendre ce qu’il faut conserver, ce qu’il faut amender», assure-t-il.
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