Nous souhaitons tous pouvoir nous exprimer librement sur Internet, être entendus par nos amis et répondre à nos adversaires. D'un autre côté, nous ne voulons pas être exposés à des propos inappropriés ou dépassant les bornes. Pour répondre à cette problématique, les entreprises technologiques établissent des normes de liberté d'expression, une pratique protégée par la loi fédérale. En interne, elles engagent des modérateurs chargés d'examiner les différents contenus et de les supprimer s'ils enfreignent les règles prédéfinies par les plateformes.

Cependant, cette approche pose clairement des problèmes : le harcèlement, la désinformation sur des sujets tels que la santé publique et la remise en cause de résultats légitimes à des élections sont monnaie courante. Même si la modération du contenu était parfaitement mise en oeuvre, elle passerait à côté de toute une série de questions souvent présentées comme des problèmes de modération alors qu'elles n'en sont pas vraiment. Afin de s'attaquer à ces problèmes de non-parole, nous devons adopter une nouvelle stratégie : traiter les plateformes de réseaux sociaux comme des pollueurs potentiels du tissu social ainsi que mesurer et atténuer directement les effets causés par leurs choix sur nos sociétés.

En d'autres termes, il faut établir un cadre politique - peut-être par le biais d'une agence de protection de l'environnement ou d'une agence des produits alimentaires et médicamenteux pour les réseaux sociaux - qui puissent être utilisé pour identifier et évaluer les dommages sociaux provoqués par ces plateformes. Si ces préjudices persistent, ce groupe aura la capacité de faire appliquer ces politiques. Afin d'aller plus loin que les limites de la modération de contenu, une telle réglementation devrait être motivée par des preuves claires et avoir un impact notable sur les problèmes qu'elle prétend résoudre.

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