Il y a un peu plus de 15 ans, des scientifiques de l'université de Kyoto, au Japon, ont fait une découverte remarquable. Ils ont simplement injecté quatre protéines dans une cellule de peau et ont patienté deux semaines avant d'obtenir des résultats. Certaines de ces cellules ont subi une transformation inattendue et stupéfiante : elles ont rajeuni. Elles ont évolué en des cellules souches presque identiques à celles que l'on trouve dans un embryon âgé de quelques jours et qui commence tout juste son voyage dans la vie. Dans une boîte de Pétri, les chercheurs utilisant cette technique peuvent prendre des cellules de peau flétries d'une personne de 101 ans et leur faire faire une marche arrière pour qu'elles agissent comme si elles n'avaient jamais vieilli.

Aujourd'hui, après plus d'une décennie d'études et d'ajustements de ce qu'on appelle la reprogrammation cellulaire, un certain nombre de sociétés de biotechnologie et de laboratoires de recherche affirment disposer d'indicateurs intéressants prouvant que la méthode pourrait être la porte d'entrée d'une nouvelle technologie sans précédant permettant d'inverser le processus de vieillissement. En appliquant des doses limitées et contrôlées de protéines de reprogrammation à des animaux, lors de tests en laboratoire, des scientifiques avancent qu'ils détiennent la preuve que la procédure permet de les rajeunir - ou du moins certains de leurs organes.

L'un des principaux défenseurs de cette idée, Richard Klausner, s'est exprimé à San Diego (Californie) devant le public d'un prestigieux et clinquant institut, à 4.000 dollars le ticket d'entrée, où il a présenté des données inédites issues d'expériences au cours desquels des souris malades ont retrouvé la santé après avoir subi le traitement expérimental en question.

Les riches investisseurs de la Silicon Valley et du golfe Persique s'intéressent au "rajeunissement médical"

Richard Klausner a fait la démonstration du "rajeunissement médical" - un moyen de prendre de vieux animaux et de leur offrir une seconde jeunesse. Il est le coordinateur des opérations et le scientifique en chef des laboratoire Altos, une nouvelle entreprise de recherche financée par plus de trois milliards de dollars provenant de personnalités ultra-riches de la Silicon Valley ainsi que par l'argent du pétrole du golfe Persique. Richard Klausner et ses mécènes ont recruté des dizaines de scientifiques de haut niveau - en leur offrant des salaires d'un million de dollars et plus - et les ont fait travailler sur une technologie que la société nomme désormais le "programme de rajeunissement".

Ce dernier semble fonctionner, du moins en partie, en réinitialisant ce que l'on appelle l'épigénome - des marques chimiques sur l'ADN qui contrôlent quels gènes sont activés ou désactivés dans une cellule. Au cours du vieillissement, certains de ces marqueurs changent d'état passant d'actifs à inactifs. La reprogrammation est une technologie qui permet de les réactiver mais elle peut aussi modifier les cellules de manière dangereuse voire provoquer un cancer.

L'objectif d'Altos est d'apprivoiser ce phénomène, de le comprendre et, au final, de l'appliquer comme traitement permettant d'inverser le processus causant un large éventail de maladies. Selon Richard Klausner, cela pourrait être possible car les jeunes cellules sont plus résistantes et peuvent rebondir après avoir subi un stress biologique. Ce qui n'est pas le cas des vieilles cellules. Richard Klausner possède des données qui suggèrent que cela pourrait fonctionner. Durant son exposé à San Diego, il a montré des diapositives portant la mention "confidentiel" et indiquant que des souris obèses avaient guéri du diabète après avoir été traitées et que d'autres avaient pu survivre à des doses d'analgésiques habituellement létales. Tout cela grâce à une bonne dose de "rajeunissement médical".

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