Le constat est sans appel : la base industrielle et technologique de défense (BITD) française ne semble pas adaptée à l’ampleur du défi actuel. Selon un rapport du Groupe SCET (Services conseil expertises et territoires), filiale de la Caisse des dépôts, l'industrie de défense tricolore peine à soutenir les besoins des armées et à maintenir la France au rang de 2ᵉ exportateur mondial d’armement, rapporte BFM TV ce lundi 30 juin.

Le document souligne une BITD «sous tension», face à la montée des dépenses militaires mondiales. L’industrie manquerait de capacités industrielles et de formations calibrées pour absorber un tel bond, à moins d’investissements massifs. Selon le SCET, les dépenses globales pourraient croître de 800 milliards de dollars par an par rapport à 2024. A l’horizon 2035, si la France conserve sa part de marché au sein de l’Otan (estimée entre 10 et 12%), la BITD pourrait exploiter un marché additionnel de 30 à 45 milliards d’euros par an.

Un potentiel économique freiné par des fragilités structurelles

Cette projection intègre la décision prise lors du sommet de l’Alliance, les 24 et 25 juin, visant à consacrer 5% du PIB aux dépenses de défense (3,5% pour le militaire et 1,5% pour les infrastructures et la cybersécurité). Cette augmentation inédite des dépenses militaires, portée par le contexte géopolitique actuel, offre de réelles opportunités à l’export pour des pays comme la France, où les ventes d’armement constituent un pilier économique. Toutefois, des fragilités subsistent au sein de la filière française : tensions sur les chaînes d’approvisionnement, difficultés de recrutement… Autant d’obstacles qui, selon le rapport, montrent que «la France n'est pas prête à saisir cette opportunité».

Pour remédier à cette situation, le SCET propose cinq leviers : la mise en place d'un dispositif dédié pour renforcer la compétitivité industrielle de défense dans des territoires jugés prioritaires ; un accompagnement renforcé des «clusters de défense», afin de soutenir les écosystèmes territoriaux ; le renforcement des dispositifs de financement via Bpifrance et la Direction générale de l'armement ; l’incitation des PME à se diversifier vers les activités de défense et enfin la promotion de la relocalisation d’activités stratégiques sur le territoire.