Pour sortir de l’impasse budgétaire, l’hypothèse d’un recours au 49.3 resurgit— y compris chez les socialistes, qui avaient pourtant exigé que le Premier ministre Sébastien Lecornu le rejette. François Hollande ne souhaite plus fermer la porte à cette option. «Nous verrons bien… mais c’est trop tôt pour le dire, car ce serait dire tout de suite qu’il n’y aura pas de compromis par le vote», a déclaré l’ancien président de la République et député PS de Corrèze ce mercredi 26 novembre sur BFMTV et RMC. «Il ne faut jamais se priver d’une disposition constitutionnelle mais il est préférable de ne pas l’utiliser», a-t-il ajouté.

L’ex-chef de l’Etat met également en garde contre l’usage des ordonnances, qui selon lui n’apportent «aucun progrès», ainsi que contre une loi spéciale, qui serait, selon lui, «une régression par rapport à nos objectifs». Des propos qui tranchent avec la ligne officielle du parti à la rose : la direction du PS, menée par Olivier Faure, avait demandé à Sébastien Lecornu d’exclure l’hypothèse du 49.3 comme préalable aux négociations.

«C’était une connerie d’avoir demandé son abandon»

Mais face au blocage, certains élus socialistes admettent aujourd’hui qu’il pourrait constituer une sortie de crise crédible. En coulisses, les hésitations s’accentuent. «J’ai toujours pensé que c’était une connerie d’avoir demandé son abandon (…) Le PS devrait changer de position», confie un sénateur socialiste à nos confrères du Parisien. D’autres prônent la prudence : «Le 49.3, y penser toujours, n’en parler jamais», résume le député Jérôme Guedj. Pour plusieurs élus, ce mécanisme constitutionnel serait le seul moyen d’éviter un vote à haut risque — à condition qu’il vienne du gouvernement et non d'une demande explicite des socialistes, jugée politiquement intenable.

«Ceux, chez nous, qui réclament le 49.3 sont pénibles. L’idéal ce serait, certes, un 49.3 sur le projet de loi de finances. Mais si Lecornu fait un 49.3, ce n’est pas à nous de le demander. On ne va pas le supplier de nous sauver avec un 49.3 et passer pour des cons. C’est son problème», commente une responsable du groupe PS à l’Assemblée auprès de nos confrères.

De son côté, Sébastien Lecornu se veut optimiste et se dit toujours convaincu qu’une majorité est possible pour adopter les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale avant la fin décembre. Il a d’ailleurs annoncé une nouvelle méthode : consultations avec les partis politiques et les partenaires sociaux sur cinq priorités — déficit, réforme de l’Etat, énergie, agriculture et sécurité — avec débats pouvant déboucher sur des votes.