Une prise de parole surprise et un geste fort de la part de Sébastien Lecornu. «J’ai décidé de renoncer à l’utilisation du 49.3 pour gouverner», a déclaré le chef du gouvernement depuis le perron de l’hôtel de Matignon, ce vendredi 3 octobre juste avant de rencontrer les représentants des principales formations politiques. «Chacun doit faire un geste pour faire avancer le pays», a-t-il ajouté, appelant à sortir de la logique de blocage parlementaire. Alors que le précédent exécutif a largement usé du 49.3 – notamment pour faire adopter la réforme des retraites – Sébastien Lecornu entend «changer de méthode».

«Il est temps que chaque député puisse avoir du pouvoir», a-t-il affirmé, en écho aux critiques sur la concentration du pouvoir et l’affaiblissement du rôle du Parlement. Le Premier ministre doit désormais convaincre les oppositions de participer à un compromis autour du projet de loi de finances. «Je proposerai dans les prochains jour au président de la République une liste de membres du gouvernement qui devront accepter de rentrer dans une nouvelle méthode de partage du pouvoir avec l'Assemblée nationale», a-t-il précisé.

«Les compromis sont possibles»

La réforme des retraites sera également sur la table. Le locataire de Matignon a évoqué une possible «amélioration du régime des retraites», tout en refusant le débat binaire de «pour ou contre» la réforme. Une manière de tendre la main sans rouvrir frontalement un sujet qui a fortement fracturé le pays. Lors de cette prise de parole, Sébastien Lecornu a aussi reconnu l’échec de sa stratégie initiale qui visait à bâtir une «coalition large» à la manière du modèle allemand. Une ambition affichée depuis son arrivée à Matignon, mais qui «n’a pas pu prospérer», selon ses propres mots.

Ces dernières semaines, le Premier ministre dit avoir volontairement limité ses interventions publiques pour laisser «sa chance au compromis», en multipliant les échanges avec les forces politiques et les syndicats. Il affirme aujourd’hui avoir commencé à «tracer des chemins», assurant que «les compromis sont possibles».

Reste à voir si les oppositions répondront à la main tendue du Premier ministre. Dans un Parlement fragmenté, la recherche du consensus s’annonce complexe, mais essentielle pour éviter un nouvel épisode de tension politique autour du budget.