
Samedi 29 novembre, le Journal du Dimanche révèle un projet de circulaire de Matignon. Dans ce texte, le Premier ministre chiffre la communication de l’État à un milliard d’euros en 2024, soit plus du double des estimations officielles. Un montant choc, qu’il était jusqu’ici difficile d’évaluer précisément en raison de ses différents paramètres éclatés, comme les budgets de chaque ministère, des agences, des productions audiovisuelles, des communications numériques, des prestations externes, ou encore des sondages. Toutefois la Cour des comptes a déjà dénoncé à plusieurs reprises l’incapacité de l’État à apprécier ses dépenses de communications. Sébastien Lecornu devrait présenter la circulaire dans les prochains jours. Pour faire face à ce constat budgétaire alarmant, il prévoit une mission «État Efficace» et un projet de complète réforme structurelle de la communication gouvernementale et étatique, qui sera remis par le Service d'information du gouvernement (SIG).
Mais le point le plus frappant de cette circulaire, c’est le montant des économies attendues, pour les communications de l’État. Le texte impose 300 millions d’euros de coupes dès 2026. Il répartit les économies en demandant une réduction de 20 % de dépenses pour les ministères, et de 40 % pour les opérateurs publics, et les dépenses visées en priorité sont celles réalisées pour les campagnes institutionnelles, les productions numériques, les partenariats, et l’évènementiel. Les dépenses régaliennes consacrées à la santé, au recrutement, à la prévention et à la sécurité, elles, ne devraient pas être modifiées. Avec ce texte, Sébastien Lecornu maintient la ligne directrice annoncée à son arrivée à Matignon. Il avait alors gelé toutes les nouvelles dépenses de communication, jusqu’à la fin de l’année.
Une restructuration massive
Pour Sébastien Lecornu, cette décision ne se limite pas à une réduction budgétaire, mais vise à une recentralisation de la communication publique, en mettant notamment en place une «réallocation des ressources au sein d’une unité centralisée», qui sera le SIG. Tous les ministères devront désormais présenter un plan annuel, qui devra être aligné sur les priorités fixées par Matignon, et validé par le porte-parole du gouvernement, pour un contrôle resserré des dépenses de chacun. Selon cette circulaire, un pôle événementiel unique sera créé, qui devrait prendre en main des missions qui étaient jusqu’ici éclatées entre plusieurs prestataires, afin de rationaliser des dépenses jugées par Sébastien Lecornu comme étant trop dispersées.
Ces mesures provoquent une grogne chez les opérateurs publics, qui devront réduire leurs dépenses de communication de 40 %. Ainsi, les agences de communication et d’évènementiel verront aussi leurs rôles diminuer, puisque le recours aux prestataires externes devra reculer de manière significative. Enfin, la circulaire introduit la dimension d’une transparence totale des administrations centrales ou déconcentrées, concernant toutes leurs dépenses de communication, y compris de prestataires externes.


















