A 39 ans, Sébastien Lecornu a été nommé nouveau Premier ministre par Emmanuel Macron. Loin d’être un symbole, même s’il devient le cinquième locataire de Matignon de l’ère Macron, celui qui était jusque-là ministre des Armées aura la très lourde tâche de bâtir un nouveau budget pour 2026 à la suite de l’échec de François Bayrou. L’Elysée l’a d’ailleurs bien précisé : il sera chargé «de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois».

Mais Sébastien Lecornu est loin d’être un novice sur le plan économique. Ancien conseiller de Bruno Le Maire, rappelle L’Usine nouvelle, l’ancien Républicain n’a jamais quitté les différents gouvernements depuis 2017. En faisant ce choix, Emmanuel Macron s’entoure d’un homme de confiance, quelqu’un qui ne le trahira pas, notent Les Echos. Le ministre des Armées depuis trois ans n’est d’ailleurs jamais sorti de piste. «C'est celui qui saura le mieux courber l'échine», ajoute une source de nos confrères.

Un budget des Armées qui a bondi

C’est tout le contraire de certains de ses collègues dans les autres ministères, à l’image de Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice, justement, est un de ses meilleurs amis. Elu dans l’Eure, Sébastien Lecornu est un connaisseur des petites classes moyennes, soulignent Les Echos. Et si ses changements de poste successifs et ses deux ans au ministère des Outre-mer n’ont pas amélioré son bilan, il s’est révélé au ministère des Armées.

Après le début de la guerre en Ukraine, c’est lui qui a mené l’essor de son budget, passant de 32 milliards d’euros en 2017 à 47 milliards sept ans plus tard. Selon les dernières estimations, le budget du ministère pourrait même grimper à 70 milliards en 2030. Si évidemment accord sur le budget, il y a. C’est lui aussi qui avait obtenu le vote de la loi de programmation militaire avec 413 milliards d'euros de crédits sur sept ans.

«L’économie de guerre : une réalité»

En février dernier, Sébastien Lecornu dans Le Parisien avait rappelé la menace russe et la nécessité de monter en puissance dans les investissements militaires de la France, car selon lui, «l’économie de guerre (était) déjà une réalité». Il ajoutait que la «la question n’est pas la pertinence des orientations stratégiques de notre loi de programmation militaire (LPM), mais de son rythme d’exécution». Rappelant aussi que la Russie consacrait «10% de son PIB à la Défense», Sébastien Lecornu plaidait pour un soutien de taille à l’Ukraine : «La première garantie de sécurité reste de donner les moyens nécessaires à l’armée ukrainienne.»

C’est aussi dans cette optique qu’il avait écrit le livre Vers la Guerre ? pour justifier les dépenses militaires de la France. Discret, plutôt apprécié, Sébastien Lecornu s’est mué en «ministre des Affaires étrangères bis». Certain de ne pas vouloir être président, c’est peut-être aujourd’hui le plus à même de rassembler et de renouer le dialogue avec les oppositions. La dernière chance d’Emmanuel Macron ?