
Rien ne prédestinait cet autodidacte bordelais à une telle chute. Après avoir débuté dans les magasins de textile, Michel Ohayon fait fortune dans l’immobilier, en achetant et louant des immeubles à de grandes enseignes avant de se lancer dans l’hôtellerie de luxe. En 2017, sa fortune est estimée à 1 milliard d’euros. C’est à cette période qu’il se tourne vers la distribution : La Grande Récré, des Galeries Lafayette en régions, puis Camaïeu, Gap France et Go Sport tombent dans son escarcelle. Mais en 2022, Camaïeu est liquidé, laissant 2 600 salariés sur le carreau. Gap et Go Sport suivent, placés en redressement judiciaire, puis cédés. En 2023, sa holding, la Financière Immobilière Bordelaise, est déclarée en cessation de paiements.
La déroute financière a précédé les déboires judiciaires. Selon le parquet de Paris, les faits reprochés à l'homme d'affaire concernent des «prélèvements sans justification dans un contexte de situations sous tension pour ses sociétés», avec des opérations «dissimulées ou justifiées par des écritures fictives». L’ensemble des infractions est estimé à 50 millions d’euros. Michel Ohayon a également été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de diriger ou gérer une société et obligation de verser un cautionnement de 500 000 euros. Son épouse a elle aussi été mise en examen, précise RTL qui a relayé l'information de l'AFP le 5 avril.
L'avocat de Michel Ohayon affirme qu'il n'y a eu «aucun enrichissement»
Face aux accusations, son avocat, Me Olivier Pardo, dénonce une vision biaisée des faits : «Michel Ohayon a injecté plus de 68 millions d’euros de sa fortune personnelle. Il n’y a eu aucun enrichissement, bien au contraire», affirme-t-il, ajoutant que son client s'est «appauvri dans cette affaire». «Les accusations portées contre lui sont une négation du fonctionnement d’un groupe de sociétés», fustige-t-il, promettant de «démontrer les responsabilités des uns et des autres».
Parmi les réactions suscitées par cette mise en examen, celle de Christophe Lavalle, ancien délégué syndical de Go Sport, qui s'est dit «satisfait», au nom des ex-salariés de Camaïeu, Gap et Go Sport France : «Nous avions raison, s'est-il réjoui auprès de France Info, toutes les précautions que nous avions prises afin de déceler les failles de ces dirigeants potentiellement mafieux sont aujourd'hui révélées par les enquêtes».


















