Renault a plongé en Bourse après l’annonce du départ de son patron Luca de Meo, qui a pris la direction générale du géant du luxe du CAC 40 Kering. Une «mauvaise surprise», déplore Oddo BHF, pas étonné de la sanction subie par l'action du constructeur. Un départ d’autant plus malvenu qu’il survient seulement quelques mois après le départ du directeur financier et de celui du patron de la recherche et développement de Renault. En l’espace de seulement un mois, l’action a plongé de 23%, dont -9% sur la seule séance de Bourse du 16 juin (sanction immédiate suite à l’annonce du départ de Luca de Meo).

La démission de Luca de Meo «illustre la difficulté pour l’automobile d’attirer et de retenir ses talents (à l’instar des difficultés de Stellantis à attirer un candidat externe) face à un environnement tendu (ruptures technologiques, droits de douane de Donald Trump, concurrence, réglementation, etc.), y compris en Bourse (comme le montrent les niveaux de valorisation actuels des actions du secteur automobile)», relève Oddo BHF. L’action Kering a de son côté salué l’arrivée surprise de Luca de Meo (auréolé du redressement réussi de Renault) à sa direction générale, mais de nombreux investisseurs en actions affichent néanmoins leur scepticisme sur le choix de ce dirigeant, qui est certes d’origine italienne (comme Gucci, la principale marque de Kering) mais n’a pas d’expérience dans le secteur du luxe.

Pourquoi les actionnaires de Renault sont-ils déçus de la démission de Luca de Meo ?

Le mandat de Luca de Meo à la direction de Renault, qui avait été renouvelé en 2024 pour quatre ans, a été abruptement écourté. Or, Luca de Meo «avait joué un rôle clé dans le redressement des comptes de Renault depuis son arrivée à la direction en 2020, malgré un contexte économique et sectoriel vraiment anxiogène (pandémie de Covid-19, crise des semi-conducteurs, sortie de Renault de Russie, difficultés de la filiale Nissan…)», rappelle Oddo BHF. Dans ces conditions, il n’est vraiment pas étonnant que la démission de Luca de Meo ait fait fuir les investisseurs en actions.

Renault a en effet pleinement profité depuis 2021 du plan stratégique Renaulution, qui a permis un redressement spectaculaire des fondamentaux financiers du constructeur, «notamment grâce à un sens du produit et du marketing très développé», fait valoir Oddo BHF. Entre 2022 et 2024, le chiffre d’affaires de Renault a fait un bond de plus de 20%, tandis que la marge opérationnelle a gagné 2 points, à 7,6%, et que les pertes nettes se sont transformées en profits appréciables. En l’espace de quelques années, le redressement de Renault, avec un focus sur l'amélioration de la rentabilité (réduction des coûts, stratégie de valeur avec une optimisation des prix de vente…), l'identité de la marque et les partenariats stratégiques, a été notable, renchérit AlphaValue.

Les fondamentaux de Renault demeurent solides, selon l’analyse financière

Selon le bureau d’analyse, même si le départ de Luca de Meo de la direction du géant de l’auto favorise des aléas à court terme sur le front de la gouvernance, les fondamentaux de Renault, qui doit annoncer en novembre prochain son nouveau plan stratégique Futurama, «restent solides». Renault bénéficie d’un portefeuille de produits attractif, connaît une meilleure dynamique commerciale que la plupart de ses concurrents en Europe et devrait moins souffrir des droits de douane de Donald Trump et de la concurrence accrue en Chine.

Les perspectives de Renault sont jugées relativement positives par AlphaValue, qui s’attend à des synergies (permises par la coentreprise Horse), une diminution des pertes chez Ampere (pôle voiture électrique de Renault), un redressement d’Alpine et de meilleures dynamiques en Inde et en Amérique latine. Renault devrait en outre continuer à monétiser sa participation dans Nissan, avec à la clé un impact très positif sur la trésorerie et son statut d’émetteur.

Quel potentiel en Bourse pour l’action Renault ?

Alors qu’Oddo BHF juge l’action Renault significativement sous-évaluée, au cours de Bourse actuel (38-39 euros, à l’heure où ces lignes sont écrites), il maintient son avis positif, avec un objectif de cours (juste prix estimé, selon l’analyse financière) de 60 euros, soit un potentiel d’appréciation théorique de plus de 50% à moyen terme ! Mais à plus court terme, faut-il se précipiter pour acheter l’action, ou attendre un niveau d’achat plus attractif, selon l’analyse technique ?

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