Nouveau repli pour Tesla. Le constructeur automobile américain a connu une baisse de ses ventes mondiales pour le deuxième trimestre consécutif, dans un contexte de concurrence accumulée et de contrecoup de la collaboration de son patron Elon Musk avec l'administration de Donald Trump. Le spécialiste des véhicules électriques a ainsi remis 384 122 véhicules à leurs propriétaires entre avril et juin, contre 443 956 sur la même période de 2024, soit une baisse de 13,5%, après -13% au premier trimestre.

La prévision moyenne des experts tourne autour de 385 000. L'action Tesla a terminé en hausse de 4,97% à la Bourse de New York, cette réponse ayant été anticipée par les analystes. «C'est significativement mieux que ce que l'on craignait», ont noté les analystes de Deutsche Bank, qui s'étaient montrés parmi les plus pessimistes (355 000). Ils ont attribué ce «surprenant dépassement» à l'anticipation de la suppression probable du crédit d'impôt aux Etats-Unis pour l'achat des véhicules électriques.

Le Model Y modernisé fait mieux que prévu

Pour Dan Ives, analyste de Wedbush, ce sont les ventes du Model Y — tout juste rafraîchies — qui ont permis à Tesla de déjouer certaines prévisions. Le groupe a en effet dépassé 373 728 Model Y/3 quand le marché en attendu 367 100, souligne-t-il dans une note, pertinente que les autres modèles n'ont en revanche pas répondu aux espérances (10 394 contre 15 900 attendus). Le constructeur ne détaille pas les ventes de ses autres modèles comme les Model S et Model X, ou de son pick-up aux lignes futuristes Cybertruck, commercialisé depuis fin 2023.

«Après plusieurs trimestres de faiblesse importante en Chine dans un environnement compétitif accumulé dans le véhicule électrique, Tesla a constaté un rebond en juin avec une hausse des ventes, pour la première fois en huit mois, illustrant un regain de la demande pour son Model Y modernisé», constate Dan Ives, qualifiant la Chine de «cœur et poumon de la croissance de Tesla».

Des résultats en Chine décevants

Mais les ventes en Chine ont déçu Deutsche Bank, qui estime que le reste de l'Asie, comme la Malaisie, la Corée du Sud ou la Thaïlande, avait servi de bouée. Côté production, les usines Tesla ont maintenu le même niveau qu'un an plus tôt avec 410 244 véhicules sortis des chaînes d'assemblage entre avril et juin. «C'est le deuxième semestre consécutif que la production de Tesla dépasse de plus de 25 000 exemplaires les livraisons, alimentant les craintes sur le niveau de la demande et des stocks», a relevé Garrett Nelson, de CFRA Research, qualifiant la publication de «déception modeste».

Tesla a été pris à partie (vandalisme, appels au boycott, manifestations) après le rapprochement d'Elon Musk avec Donald Trump, dont il a été temporairement un proche conseiller à la Maison Blanche, mais aussi pour son soutien à des gouvernements d'extrême droite en Europe. Important donateur de la campagne de Trump (plus de 270 millions de dollars), l'homme le plus riche du monde a notamment piloté la commission pour l'efficacité gouvernementale (Doge) destinée à réduire les dépenses fédérales.

Des ventes en chute libre en Europe

Il l'a quittée en mai pour se consacrer à ses entreprises et, depuis les relations entre les deux hommes sont tendues à cause du projet de loi budgétaire américaine. Les ventes de Tesla ralentissent depuis de longs mois et ses résultats du deuxième trimestre, attendus le 23 juillet, devraient encore souffrir. Alors que le groupe dominait le marché de l'électricité, ses ventes ont été presque divisées par deux en Europe depuis début 2025.

Les immatriculations sont conservées orientées fortement à la baisse en mai dans l'Union européenne, ne profitant pas de la nette progression du marché des voitures électriques. Elles avaient été divisées par deux en avril. Le groupe d'Austin (Texas) n'a pas plus retenu du sursaut aux Etats-Unis en raison de la perspective de droits de douane sur les importations de véhicules (25% depuis début avril) et sur les pièces détachées (25% depuis début mai). Les constructeurs Ford (+14,3%), General Motors (GM, +7%), Toyota (+7%) Hyundai (+10%) et Honda (+8%) en ont, eux, retenus au deuxième trimestre et même dès mars pour certains.

En revanche, FCA US - filiale américaine du groupe Stellantis créée en 2021 - a vu ses ventes trimestrielles chuter de 10%, en particulier ses marques Chrysler (-42%) et Dodge (-48%), tandis que Jeep (+1%) et Ram (+5%) s'en sont mieux sorties. Mais, après ce coup d'accélérateur printanier, «le rythme des ventes se normalise», a indiqué GM. Les ventes de Toyota ont été quasiment stables en juin sur un an (+0,1%).