
Gestion passive avec les ETF ou gestion active avec les Sicav et fonds commun de placement (FCP) ? Les premiers ont fait un parcours remarquable ces dernières années. Partant de ce constat alléchant, est-il judicieux de placer 100% de votre portefeuille boursier en ETF ? Si la période leur a été propice, le vent pourrait bien être en train de tourner. De plus, il y a des marchés où les ETF sont moins efficaces que les fonds Sicav ou FCP de la gestion active.
On dit souvent que les performances passées ne préjugent pas des performances futures. c’est encore plus vrai avec les ETF, qui «ont profité à plein des politiques monétaires accommodantes des banques centrales depuis la crise financière de 2008. Quand elles injectent de l'argent dans l’économie comme elles l’ont fait jusqu’en 2022, elles le font de manière indiscriminée et cela profite à l’ensemble des entreprises, quel que soit leur bilan. En conséquence, tout le marché monte, ce qui favorise la gestion passive, qui ne sélectionne pas les valeurs dans lesquelles elle investit», explique Gabriel Karaboulad, directeur adjoint des investissements chez Neuflize OBC.
Miser aussi sur les Sicav et les FCP
L’indice S&P 500, par exemple, celui des actions américaines, est monté quasiment sans discontinuer avec une performance cumulée de … +841% dividendes réinvestis de fin 2008 au 1er juillet 2025… «Cette mégatendance a rendu la tâche très difficile à la gestion active qui a rarement battu les ETF», fait valoir Frédéric Rozier, coresponsable de la gestion de portefeuille chez Mirabaud en France. L’ETF S&P 500 d’Amundi a ainsi progressé de 104% en cinq ans au 30 juin (+94% pour la moyenne de la catégorie), celui basé sur le MSCI World (actions internationales), toujours d’Amundi, a réalisé une performance de près de 89% sur les cinq dernières années (contre 60,75% pour l’ensemble de sa catégorie).
Cette phase-là, déjà entamée par la fin du soutien des banques centrales à l’économie, est aussi mise à mal par l’arrivée du déconcertant Donald Trump au pouvoir ainsi que par la multiplication des conflits géopolitiques de par le monde. «Dans le contexte de fragmentation géoéconomique et de différenciation des rythmes de croissance et d’inflation entre les régions, il est possible que la gestion active fasse mieux que la gestion passive», dit Olivier Raingeard, directeur des investissements chez Neuflize OBC. Anticiper, surpondérer, sous pondérer, écarter des valeurs ou des marchés, etc., autant de choses que ne savent pas faire les ETF passifs, qui se contentent de répliquer les indices.
Un manque d'analyse pour les ETF
Le MSCI World, par exemple, (plus de 1 350 valeurs de 23 pays industrialisés) est composé pour 70% d’entreprises américaines (les plus grosses entreprises ont nécessairement une plus grosse part dans l’indice). «Quand, comme depuis le début de l’année, l’Europe surperforme, l’ETF MSCI World ne bouge pas sa composition d’un iota, alors que le gérant actif, lui, va anticiper et profiter de l’embellie sur la zone euro pour y investir davantage», fait valoir Frédéric Rozier.
Autre exemple, l’ETF qui joue l'indice phare du marché chinois va être investi sur toutes les grandes valeurs de l’Empire du milieu, «et il va indistinctement se porter sur l’immobilier ou la consommation chinoise, qui sont actuellement à la peine et qu’il faudrait plutôt écarter pour se concentrer sur les entreprises de la technologie, à l’image de DeepSeek», poursuit Frédéric Rozier. Un gérant actif va faire cette sélection, pas l’ETF dont ce n’est pas la vocation.
Autre soutien des ETF, les entreprises de la tech américaines, les ex-Gafam devenus les «7 magnifiques» (Microsoft, Apple, Nvidia, Alphabet, Amazon, Meta et Tesla), ont depuis la révolution Internet, accentuée par le Covid, puis la révolution de l’intelligence artificielle, réalisé des parcours boursiers totalement insensés (+1 617% sur cinq ans au 30 juin pour Nvidia, +235% pour Meta, +152% pour Alphabet, etc.).
Or, ces mêmes 7 magnifiques sont surpondérés dans les gros indices. Ils représentent à eux seuls près de 35% du S&P 500 et près de 25% de l’indice international le MSCI World, les deux indices les plus prisés des épargnants européens. Là encore, eu égard au remarquable parcours de ces 7 valeurs, et de leur poids dans les indices, la gestion active pouvait difficilement faire mieux. «Il y a eu un concours de circonstances exceptionnelles, où la globalisation a favorisé la domination des grandes capitalisations et contribué à porter la gestion passive. Pour l’avenir, les problématiques sur la fin de l’exceptionnalisme américain et la renaissance de l’Europe pourrait s’avérer moins favorable aux plus grandes capitalisations boursières», dit Olivier Raingeard.
Dernier point d’attention concernant les ETF : ils ne surperforment pas nécessairement la gestion active sur tous les marchés. «Un gérant de conviction peut faire mieux que l’indice de référence et donc que l’ETF, en particulier sur les marchés émergents, qui sont historiquement des marchés de gestion active», dit Olivier Raingeard. L’information y est en effet moins transparente et il y a donc plus de place pour l’analyse fondamentale et un gérant qui va détecter quelque chose que le marché n’a pas vu.
En résumé, les ETF sont pertinents sur les marchés développés, mais à manier moins aveuglément que par le passé dans les périodes comme celle que nous vivons actuellement de grande incertitude économique et géopolitique. Sur le long terme, eu égard à leurs faibles frais (lire l'article précédent), ils peuvent cependant encore faire la différence. Sur les marchés émergents, en revanche, mieux vaut faire appel à un bon gérant actif.
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