
Hors pair, le PER ? Pour alléger ses impôts tout en préparant sa retraite, oui. Mais pour en profiter pleinement, encore faut-il maîtriser toutes ses subtilités. Premier point : les versements entièrement déductibles de votre revenu imposable sont plafonnés. La règle générale veut que vous ne puissiez pas déduire plus de 10% de vos revenus au moyen de votre PER. Cela signifie que si vous gagnez 50 000 euros par an, vous ne pourrez retrancher que 5 000 euros versés sur votre PER, avant la fin de l’année, de votre revenu imposable.
Cette règle des 10% est encadrée par un plancher et un plafond. Les contribuables les plus fortunés ne pourront pas déduire plus de 37 094 euros (87 135 euros pour les travailleurs non-salariés), même si cela représente moins que 10% de leur salaire annuel. A l'inverse, un plancher est prévu pour les contribuables (salariés et travailleurs non salariés) qui touchent de faibles revenus : ils peuvent déduire jusqu’à 4 637 euros de leur revenu imposable en 2025, même si ce montant représente plus de 10% de leur revenu annuel. Par exemple, une personne rémunérée au Smic, soit environ 17 000 euros par an, peut monter jusqu'à 4 637 euros de versement, au lieu des 10% (1 700 euros) du cadre général.
1. Vous pouvez ajouter vos plafonds des trois années précédentes
Voilà pour vos plafonds de cette année. Mais, en prime, si vous n'avez pas utilisé totalement les plafonds auxquels vous aviez droit les trois années précédentes (ils sont indiqués dans votre avis d'imposition), vous pouvez les ajouter à votre plafond de l'année en cours. Autrement dit, jusqu'à la fin de l'année, en plus de votre plafond de versements pour 2025, vous pourrez utiliser ceux non consommés de 2024, 2023 et 2022.
Si vous avez des revenus très conséquents et que vous n’avez jamais rien versé dans un produit d’épargne retraite, vous pouvez utiliser pleinement vos plafonds de 2025 (37 094 euros), de 2024 (35 194 euros), de 2023 (32 909 euros) et de 2022 (32 909 euros), pour un total de versements et de revenus déductibles de… 138 106 euros ! Soit une économie d'impôts de 56 623 euros si vous êtes dans la tranche à 41% (138106 x 41%) ou de 62 148 euros si vous êtes dans celle à 45% (138106 x 45%) ... Pour une même somme versée, l'économie d'impôt est en effet proportionnelle à votre tranche marginale d'imposition (11%, 30%, 41% ou 45%).
Si vous ne remontez pas jusque-là, et que vous versez seulement un peu plus que votre plafond pour 2025, les choses sont bien faites : «C'est d'abord ce qu'il reste du plafond de l'année N-3 qui sera utilisé (celui qui est amené à disparaître l’année suivante s’il n’est pas consommé), puis celui de l'année N-2, etc.», explique David Rideau, agent général chez Axa.
2 & 3. Ajoutez les plafonds du conjoint... et de vos enfants
Mieux encore, vos plafonds ne vous suffisent pas ? Vous pouvez également utiliser ceux de votre conjointe ou conjoint s'ils sont disponibles. Pour cela, il suffit de cocher la case 6QR (appelée «mutualisation du plafond de déduction») de votre déclaration de revenus commune. Si votre conjoint gagne lui aussi très bien sa vie et qu’il n’a jamais rien versé dans un PER, vous pouvez alors consommer tous ses plafonds et ajouter jusqu’à 138 106 euros de versements, soit au total jusqu’à 276 212 euros à déduire du revenu imposable du foyer fiscal (138106 x 2)... Ici aussi, ce sont d'abord les plafonds les plus anciens qui seront consommés les premiers.
Et ce n'est pas fini ! Si, depuis le 1er janvier 2024, il n’est plus possible d’ouvrir un PER pour un enfant mineur, mais les plans qui avaient été ouverts précédemment courent toujours. Il n’est plus possible de verser dessus, sauf si l’enfant devenu majeur est rattaché à votre foyer fiscal. Vous pouvez effectuer des versements sur un PER ouvert à son nom, et bénéficier du supplément de déduction correspondant à son propre plafond, qui sera cette année le plancher de 4 637 euros par enfant, en l'absence de revenus professionnels. Les plafonds des trois années précédentes sont aussi mobilisables s'ils n'ont pas été entamés.
Bonus : attention à bien remplir ces trois cases
De la même manière, en couple ou non, attention à ne pas sortir l'artillerie lourde sans avoir au préalable bien calibré votre situation fiscale. Autrement dit : utiliser tous les plafonds disponibles alors que cela pourrait être contre-productif. Par exemple, si vos revenus vous placent de justesse dans la tranche à 30%, «prenez garde à ce que les versements ne consomment que les revenus réellement dans cette tranche, et pas ceux qui sont dans la tranche du dessous de 11%, bien moins intéressante en termes d'économie d'impôt», prévient David Rideau.
Dernière subtilité pratique, quels que soient les plafonds que vous allez utiliser, n'oubliez pas d'indiquer le montant des versements que vous souhaitez déduire au moment de remplir votre déclaration de revenus. En effet, votre assureur va communiquer à l'administration fiscale le total de vos versements vers votre PER, «ce montant sera prérempli dans une case grisée, mais il ne faut pas oublier de le reporter à la main sous la case en dessous (6NS, 6NT, 6NU, pour déclarant 1, déclarant 2 et personne à charge) pour bénéficier de la réduction d'impôt», avertit David Rideau, au risque de dire adieu - pour l'année en cours - à votre ristourne fiscale ! Ce serait bien dommage.
Ecartez les PER trop chargés en frais
Pour ce qui est de l'avantage fiscal, le choix du PER importe peu : cette possibilité de déduire ses versements de son revenu imposable vaut pour tous, avec les mêmes plafonds. «Mais il est dommage qu'aujourd'hui seule cette carotte soit mise en avant pour séduire les épargnants», regrette Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & figures. Le PER est en effet avant tout un produit d'épargne long terme, que vous allez conserver plusieurs années - voire décennies - il faut donc le sélectionner avec attention.
Il faut en particulier être attentif aux frais, car ils peuvent considérablement grignoter votre épargne sur la durée. Soyez attentifs aux frais de gestion, prélevés chaque année sur votre capital (entre 0,5% pour les moins chargés à et 1% par an), ainsi qu'aux frais sur versements, déduits lorsque vous versez de l'argent (1,5% en moyenne, mais nuls chez certains acteurs), et aux éventuels frais de sortie en rentes (1,5%) et d'arbitrage (entre 0,2% et 1% du montant arbitré).
Ces frais peuvent être en partie compensés si votre contrat rapporte beaucoup sur la durée. Difficile à évaluer pour les contrats les plus récents, «mais vous pouvez quand même vous reporter à l'historique de performance des différents profils proposés», préconise Kévin Iteney, Directeur général adjoint d'Arthus Conseil. Par défaut, le PER fonctionne en effet en gestion pilotée à horizon, en vous laissant le choix entre quatre profils de risque (prudent, équiilbré, dynamique, offensif). Si vous voulez piloter vous-même votre portefeuille, attention enfin à ce que la gestion libre soit proposée
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