C’est une phrase loin d’être passée inaperçue. Les premiers ministres du gouvernement de Sébastien Lecornu à peine nommés, le Premier ministre a décidé de jeter l’éponge et de présenter sa lettre de démission à Emmanuel Macron. Face à la crise politique actuellement en train de se jouer et alors que le Parlement doit voter le prochain budget avant la fin de l’année, Elisabeth Borne a proposé de revenir sur la très contestée réforme des retraites qu’elle a portée malgré les critiques lorsqu’elle était Première ministre. «Si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension [de la réforme des retraites]», a-t-elle déclaré dans les colonnes du Parisien, mardi 7 octobre.

Alors que la réforme prévoit de reculer progressivement l’âge de départ à la retraite à 64 ans, la supprimer entraînerait un coût de plusieurs milliards d’euros, plus précisément, 500 millions d’euros en 2026, 3 milliards d’euros en 2027 et 5,8 milliards d’euros en 2035 selon le président de l’Institut de la protection sociale (IPS), Bruno Chrétien, qui se base sur les projections de la Cour des comptes de février dernier. Une situation dramatique qui n’a pas manqué de faire réagir Gabriel Lattanzio, professeur agrégé à Paris 1. «Je crois que c’est la merde», a-t-il ainsi lancé sur le plateau de BFMTV à l’occasion d’un débat autour de l’épineuse question de cette réforme.

«C’est catastrophique»

«Quand on regarde les chiffres, c’est catastrophique. C’est pas 300 millards le coût des retraites en France, c’est 390 millards l’année dernière et là on va passer à 407 milliards et Mr Lecornu allait passer à 413 milliards. C’est un chiffre colossal», a ainsi lancé le professeur. Expliquant par la suite qu’aujourd’hui, les cotisations ne couvrent que 260 milliards d’euros des retraites, «on a l’impression que sur la ligne de notre fiche de paie quand il y a marqué "cotisation retraites" on peut financer notre système de solidarité, c’est faux», a encore fustigé Gabriel Lattanzio.

Alors que pour le professeur, dans la conscience collective, cet argent est mis de côté afin d’être fructifié pour plus tard, en réalité, celui-ci est dépensé en temps réel «et on n’est pas capable de couvrir ce que ça nous coûte». «Le reste de l’argent, il vient de deux endroits essentiellement, d’autres prélèvements, ça peut être la CSG, mais il y a d’autres façons de prélever ce manque à gagner, c’est de grever des ministères», a-t-il ajouté. Revenant quelques années en arrière, en 2022, lors du vote du budget qui prévoyait 10 milliards d’euros supplémentaires pour l’Éducation nationale, en réalité, «sur ces 10 milliards qui sont allés à l’école, tout est parti dans le budget des retraites parce qu’on n'a pas assez de jeunes», a expliqué le professeur. Estimant enfin que l’on va «droit dans le mur», Gabriel Lattanzio a expliqué qu’actuellement on ne fait pas assez parler les enfants qui vont payer plus tard l’addition. «Ça me désole», a-t-il enfin abondé pour conclure.