L’avenir du conclave sur les retraites est-il en suspens ? Les déclarations du Premier ministre sur l’âge de départ à la retraite dimanche dernier ont rebattu les cartes, poussant au départ dans un premier temps l’une des organisations patronales, l’U2P, puis la CGT mercredi. La secrétaire générale du syndicat jugeant que «le Premier ministre et le patronat (avaient) définitivement enterré ce conclave». Et si la CFDT se pose aussi la question de son maintien autour de la table de négociations, le Medef ne ferme pas la porte, mais souhaite relancer les discussions d’une autre façon.

Interrogé par Les Echos, son président, Patrick Martin, souhaite «de nouvelles bases», et considère que ce conclave est «un peu la quadrature du cercle». Le Medef fixe donc de nouvelles priorités et trois nouvelles conditions pour son maintien dans le conclave. La première est de «revoir l’ordre des sujets», explique Patrick Martin, et en premier lieu «l'équilibre des retraites à l'horizon 2030». Le deuxième point est d’«élargir le chantier au financement de toute la protection sociale». Le patron du Medef plaide pour une baisse des cotisations salariales et patronales et une augmentation des recettes fiscales.

Pas de retour en arrière sur l’âge légal de départ à la retraite

Le Medef pointe du doigt «un système à bout de souffle», un régime d’assurance-chômage qui ne parvient «pas à se désendetter» et des «excédents des retraites complémentaires (qui) vont disparaître». La troisième condition évoquée par Patrick Martin est la sortie du «format imposé par le gouvernement» afin de «réunir les organisations patronales et syndicales dans un cadre autonome». Pour Patrick Martin, il faut que les partenaires sociaux «travaillent indépendamment du gouvernement». Il cite l’exemple du partage de la valeur entre les employeurs et salariés.

Un changement de méthode est-il envisageable ? Sur ce point, Patrick Martin répond aux Echos que «le Premier ministre ne m'a pas semblé fermé à un changement de méthode». Le Medef juge par ailleurs qu’un retour en arrière sur l’âge légal n’est pas envisageable à ce stade au risque de «compromettre l’indispensable retour à l’équilibre». Une des pistes pourrait être une réflexion autour d’une «décote renforcée pour ceux qui partent en retraite avant l'âge légal», évoque le patron du Medef.

Vers une contribution des retraités ?

Un allongement de la durée de cotisation pourrait aussi être «imaginé», mais Patrick Martin met en garde sur les effets pour les femmes «qui ont davantage de carrières hachées». Le Medef reconnaît également qu’on ne «pourra pas balayer d’un revers de la main» une possible contribution des retraités. Patrick Martin alerte enfin : «Un accord partiel serait un cheval de Troie pour une remise en cause de l'âge légal par les parlementaires.»