
Qui sera le cinquième Premier ministre du second quinquennat d’Emmanuel Macron ? Les paris sont lancés. François Bayrou, tombé lundi 8 septembre sous le coup d’un vote de confiance, a remis sa démission mardi au président de la République. Le chef de l’Etat doit désormais nommer son successeur. Cela devrait avoir lieu «dans les tout prochains jours» a assuré l’Elysée lundi dans un communiqué.
Le grand favori est Sébastien Lecornu, l’actuel ministre des Armées. Initialement attendu à Londres ce mardi après-midi pour un déplacement de deux jours consacré à des réunions sur l’Ukraine, le proche d’Emmanuel Macron - qu'il a rejoint quelques jours cet été au fort de Brégançon, sa résidence de vacances - a préféré annuler. La décision a été prise lundi dans la soirée.
Sébastien Lecornu, le grand favori à Matignon
Selon RTL, le ministre de 39 ans passerait des «coups de fil» à une figure de la gauche. Le président Les Républicains des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, dont le nom circule aussi pour prendre la place de François Bayrou, a reconnu mardi qu’il ne sera pas nommé à Matignon au cours d’une réunion des dirigeants de son parti. «Sébastien Lecornu est en train de composer son propre gouvernement», a ajouté Xavier Bertrand, rapporte l’Agence France Presse (AFP). «Le Président a déjà fait son choix et il a dit qu'il ne souhaitait pas de présidentiable à Matignon», a affirmé le président du conseil régional des Hauts-de-France qui nourrit des ambitions pour 2027.
Dans une interview au Parisien, publiée le 30 août, Sébastien Lecornu a pourtant assuré ne pas être «candidat» à Matignon. «J'ai toujours profondément voulu être (ministre des Armées), ces questions me passionnent et je suis reconnaissant au président de la République de m’avoir renouvelé sa confiance à chaque remaniement» de gouvernement, a-t-il ajouté.
Autre nom évoqué, celui de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, pressentie pour devenir Premier ministre avant qu’Elisabeth Borne soit finalement choisie. Selon Le Parisien, qui cite un cadre du parti Renaissance, Emmanuel Macron regretterait de ne pas lui avoir donné le poste de Premier ministre en 2022. La ministre de 65 ans, bien ancrée à droite, travaille depuis quelques mois sur des dossiers plus sociaux comme la fin de vie ou encore la réforme des retraites.
D’autres parient sur Gérald Darmanin, un ami proche de Sébastien Lecornu. L’actuel ministre de la Justice ne cache pas ses ambitions présidentielles et pourrait envisager Matignon comme un tremplin pour la présidence de la République. L’ex-ministre de l’Intérieur, proche d’Emmanuel Macron, qui s’est montré actif tout l'été, notamment sur la question des prisons, a lui aussi rencontré le président de la République mi-août à Brégançon.
Ces derniers jours, le profil de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a aussi été envisagé. Mardi 9 septembre, sur RTL, la députée Renaissance des Yvelines a affirmé ne pas être «candidate» pour Matignon mais être «en revanche (...) disponible pour œuvrer dans l'intérêt (du) pays». «Si d'aventure, il fallait assumer cette mission-là, évidemment je ne rechignerais pas», a-t-elle ajouté.
Vers une figure qui convainc à gauche ?
Le chef de l’Etat pourrait également opter pour une figure susceptible de convaincre les socialistes. Le profil d’Eric Lombard, ministre de l'Economie, remplit ce critère. Issu de la société civile et historiquement proche de la gauche, le patron de Bercy pourrait succéder à François Bayrou. Le nom de Bernard Cazeneuve revient aussi. L’ancien ministre de l’Intérieur a été une hypothèse sérieuse l’an dernier après la dissolution de l’Assemblée nationale. Jean-Yves Le Drian serait, quant à lui, l’un des choix privilégiés d'Emmanuel Macron qui exercerait un pressing important pour faire venir son ancien chef de la diplomatie à Matignon, selon l’AFP. Le président avait déjà tenté de le convaincre en décembre. Mais cette fois, l’ex-socialiste serait moins ferme dans son refus, toujours selon une source de l’AFP.
Au Parti socialiste, on réclame une figure issue de la gauche, arrivée en tête des législatives anticipées de 2024. «Nous sommes volontaires pour être les suivants» à Matignon, a lancé Olivier Faure lors des universités d’été du PS, le 30 août. Interrogé sur l'attitude du PS en cas de nomination d'un Premier ministre macroniste comme Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin, Olivier Faure, lui-même candidat à Matignon et patron du PS, a refusé de répondre. «Je ne vais pas rentrer dans un récit qui serait celui de dire ce que je ferais avec tel ou tel. Pour l'instant, nous devons revendiquer le pouvoir et faire en sorte que cette possibilité existe», a-t-il indiqué.
À droite, en revanche, l’idée d’avoir un chef de gouvernement de gauche passe mal. Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur et président des Républicains, juge «inconcevable» que le Premier ministre soit «socialiste» car, selon lui, «le projet socialiste ne correspond pas à ce que veulent la majorité des Français qui sont plutôt à droite».



















