Dans l’imaginaire collectif, les dirigeables appartiennent plutôt aux premières années du siècle dernier. Mais cent ans plus tard, ils pourraient faire leur grand retour. C’est la conviction de l’entreprise franco-canadienne Flying Whales, présente au salon du Bourget. A l’automne 2025, la société doit débuter la construction d’une usine de dirigeables à Laruscade (Gironde), près de Bordeaux. Objectif : fabriquer de premiers aéronefs en 2027 puis débuter les essais en vol pour de premiers vols commerciaux en 2029. Des appareils qui serviront à transporter toutes sortes de charges lourdes.

Flying Whales se traduit par «baleines volantes». Car effectivement, ses futurs dirigeables présenteront des dimensions spectaculaires : 200 mètres de long et 50 mètres de diamètre. Comme sur des drones, des propulseurs seront situés aux quatre coins du dirigeable. Ce qui permettra à l’appareil de voler de façon stationnaire pour soulever ou déposer des charges lourdes. «C’est comme une grue volante. Le dirigeable peut prendre une charge lourde sans jamais se poser», présente Vincent Guibout, directeur général de Flying Whales, à Capital.

Flying Whales veut désenclaver des régions isolées grâce aux dirigeables

Ne pas se poser représente un gros avantage. Cela permet au dirigeable de charger et décharger des cargaisons sans avoir besoin d’infrastructures au sol, qu’il s’agisse de routes ou d’aéroports. «Notre solution permet de désenclaver les régions isolées du reste du monde», souligne Vincent Guibout. Dans les images de synthèse qu’elle partage, l’entreprise imagine ainsi des missions dans les forêts, dans les montagnes, en pleine mer ou dans des archipels. «L’Indonésie, ce sont plus de 1000 îles habitées. Mais il n’y a pas un millier de ports en eau profonde ou d’aéroports. Un vecteur important pour amener des biens aux populations pourrait être le dirigeable», illustre Vincent Guibout.

Les cas d’usage sont nombreux. Les dirigeables pourraient prêter main forte à des missions humanitaires, selon Flying Whales. Pour le secteur forestier, ils permettraient de faciliter la récolte du bois. Ou encore de transporter des éléments hors normes pour l’industrie : qu’ils s’agisse de morceaux de fusée ou des pales d’éoliennes. Ces éléments gigantesques doivent parfois voyager par convoi exceptionnel sur les routes. Ce qui peut représenter un casse-tête logistique. «Il y a beaucoup de contraintes sur la taille des ponts», évoque Vincent Guibout. Flying Whales imagine aussi des hôpitaux mobiles déplacés en dirigeable pour lutter contre les déserts médicaux. «L’idée est de faire tourner l’hôpital entre différentes localisations pour des opérations programmées. L'hôpital reviendrait régulièrement dans une ville proche pour maintenir l’infrastructure», explique le directeur général.

Flying Whales estime le marché des dirigeables à 15 milliards d'euros

Etant donné que les dirigeables ont un rayon d’action limité à 500 kilomètres, Flying Whales ne veut pas concurrencer les avions-cargo mais plutôt les hélicoptères. Tandis qu’un hélicoptère peut embarquer environ 4 tonnes de cargaison, les dirigeables de Flying Whales pourraient emporter 60 tonnes de charge utile. Et l’aéronef permettrait d’économiser entre 60 et 75% d’émissions carbone par rapport aux solutions actuelles. Le marché visé par l’entreprise représenterait 15 milliards d’euros, selon ses estimations. Flying Whales dit avoir noué des accords représentant environ 700 millions d’euros de chiffre d’affaires. Outre l’usine française, l’entreprise prévoit d’en construire deux autres, au Québec pour couvrir l’Amérique du Nord et en Australie pour l’Asie du Sud-Est.