Le 5 décembre dernier, sur la scène du Bonial Day, un événement annuel consacré au commerce, deux poids lourds de la distribution devaient croiser le fer sur l’avenir du secteur. Mais Michel-Édouard Leclerc s’était finalement fait porter pâle, à cause d’un vilain rhume. Sur le ring, le combat s’est donc transformé en one-man-show en faveur de Thierry Cotillard, le patron d’Intermarché. «Il y a cinq ans, j’étais à 6 ou 7 points de Leclerc sur les marques de distributeurs, maintenant je ne suis plus qu’un point derrière et j’espère lui passer devant», ose carrément le mousquetaire. Mais, malgré la pique, il n’y a personne pour lui répondre. Car chez Leclerc, quand Michel-Edouard prend froid, c’est toute la communication de l’enseigne qui se grippe.

Président du comité stratégique des centres E.Leclerc, le fils du fondateur s’est imposé au fil des ans comme la seule figure connue du leader français de la distribution. L’enseigne n’a d’ailleurs pas à s’en plaindre, avouons-le. En 2024, le mastodonte a frôlé les 50 milliards de chiffre d’affaires. Avec une croissance de 2,5%, la marque a continué à grignoter des parts de marché à ses concurrents, se hissant à un niveau inédit de 24,2% des ventes du secteur, soit près de deux points gagnés en deux ans. «Au moment où l’inflation est partie en flèche, on a vu l’image de Leclerc s’améliorer et ses parts de marché avec. Et même si cela s’est un peu tassé l’an dernier, Leclerc a continué à performer», applaudit Frédéric Valette, directeur commercial de Kantar Worldpanel.

La lutte contre la maladie d'Alzheimer est un des autres combats du Mouvement Leclerc et un des engagements de son patron, ici avec la chanteuse Nolwenn Leroy pour la remise d'un chèque à la Fondation Recherche Alzheimer, en 2023.
La lutte contre la maladie d'Alzheimer est un des autres combats du Mouvement Leclerc et un des engagements de son patron, ici avec la chanteuse Nolwenn Leroy pour la remise d'un chèque à la Fondation Recherche Alzheimer, en 2023. © Leclerc

Leclerc c'est aussi la première agence de voyage, le troisième libraire français...

Et s’il n’y avait que l’alimentaire… Mais en plus des 750 hypermarchés qui portent son nom, Leclerc appuie aussi son succès sur 2 900 magasins spécialisés, comme Le Manège à Bijoux, les Espaces culturels… «On doit être la première agence de voyages de France, on est le premier distributeur de jouets, le troisième libraire, et on est au moins au niveau d’Europcar et de Hertz sur la location de voitures…», relève le boss. Dans toutes ces catégories, être le moins cher reste la meilleure arme du char Leclerc. Martelé sur tous les fronts depuis la création du mouvement en 1949, ce combat a encore servi la cause à l’ère digitale pour remporter la bataille des courses en ligne, avec près de la moitié du marché du drive ! «Leclerc, c’est l’accessibilité : on a choisi d’être au même niveau de prix en proximité ou en périphérie, sur le drive ou dans l’hypermarché», insiste Michel-Edouard Leclerc.

Mais au-delà d’un positionnement qui fait mouche, l’atout maître du Mouvement, c’est son chef de clan. Celui que tout le monde a pris l’habitude de nommer «Mel», en référence à ses initiales. «Je suis persuadé qu’une part de la confiance que les consommateurs ont en Leclerc vient de Mel : c’est quelqu’un qu’on voit dans les médias depuis longtemps et qui inspire confiance, une figure emblématique», assure Frédéric Valette. Depuis très longtemps même, étant donné que cela fait quarante-cinq ans que le fils aîné d’Edouard Leclerc, le fondateur de l’enseigne, est sur le ring. Au point de compter son règne en nombre de présidents de la République qu’il a côtoyés (6) et de ministres de l’Economie (27). Mais entre gauche et droite, son discours n’a pas varié.

C’est quelqu’un de très déterminé, engagé depuis des décennies auprès des consommateurs : il ne regarde pas la consommation depuis son trône, il connaît ses produits et ses combats. Olivia Grégoire, ex-ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation dans les gouvernements Borne et Attal.
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