
Propriétaire bailleur en Auvergne-Rhône-Alpes, Solène a une quinzaine d’années de location saisonnière derrière elle. «En 15 ans de location, je pense avoir tout vu !», s’exclame-t-elle auprès de Capital. A commencer par «de belles personnes», parmi les voyageurs qui louent son meublé de tourisme, tient-elle à préciser. Mais elle a également eu affaire à quelques situations compliquées. La plus extrême étant le cas de personnes louant son logement à des fins de proxénétisme : «J'ai dû faire partir des jeunes femmes qui se livraient à la prostitution», confie Solène, qui loue son logement via les plateformes Airbnb et Abritel.
Un cas rare mais pas isolé, comme en témoigne la signature, en mai 2024, en amont des JO de Paris, d’une convention entre Airbnb et la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), afin de lutter contre l'exploitation sexuelle et la traite des êtres humains dans les hébergements proposés par la plateforme. «Notre ligne d’assistance au voisinage permet à toute personne ayant des préoccupations urgentes concernant un hébergement ou le comportement d'un voyageur de nous contacter directement», indique Airbnb à Capital.
Canapé troué, vaisselle cassée, boissons renversées
Une fois la plateforme informée d'un problème, elle «mène une enquête et prend les mesures qui s'imposent, pouvant aller jusqu'à la suppression des comptes des utilisateurs concernés», sans oublier «la collaboration avec la police française pour l'aider dans ses enquêtes». Idem chez Expedia France, maison-mère d’Abritel, qui, «en cas de requête judiciaire, se tient à la disposition des autorités compétentes pour transmettre toute information en sa possession». Des autorités que les propriétaires doivent prévenir «s’ils constatent qu’un voyageur a agi de manière inappropriée», recommande la plateforme, qui conseille également de lui signaler de tels comportements.
Dans un registre un peu plus léger, Solène, qui habite «juste à côté» de son meublé, se souvient d’avoir mis fin à «une fête d’anniversaire avec une vingtaine de personnes» dans son logement, pas conçu pour accueillir autant de monde. Au-delà des nuisances sonores, «le mal était déjà fait, avec le canapé troué par des cigarettes, des boissons renversées par terre, de la vaisselle cassée, et les toilettes dans un état de saleté que je n’avais jamais vu !», soupire Solène. Une mésaventure qui ne lui est pas arrivée qu’une fois, en 15 ans : «C’est le troisième canapé convertible, pourtant de qualité, que j’achète…», maugrée-t-elle, citant également «du linge de toilette qui disparaît et des préservatifs au fond du lit ou sur la table de nuit».
Ne pas avoir peur du nettoyage
«Nos règles pour les voyageurs indiquent clairement qu’ils doivent respecter les hôtes, les logements et les quartiers dans lesquels ils séjournent», répond Airbnb à Capital, ajoutant que son «programme AirCover couvre les hôtes jusqu’à 3 millions de dollars (2,6 millions d’euros) dans le cas exceptionnel où un voyageur endommagerait le logement ou les biens de l’hôte pendant le séjour et ne réglerait pas ces dommages». Abritel applique de son côté «une politique stricte interdisant toute fête dans les logements et bannit de la plateforme les voyageurs organisant des événements non autorisés».
Mais il en faut plus pour décourager Solène. «Je remets les clés aux voyageurs en main propre à chaque fois et, avec l'expérience, je commence à savoir s'il va y avoir des problèmes», dit-elle, philosophe. Tout en concédant «arriver encore à (s)e tromper sur la sensibilité des gens à la propreté». Pas question pour elle de renoncer à la location saisonnière mais «il ne faut pas avoir peur des travaux, du renouvellement des meubles et du travail de nettoyage !», prévient-elle.




















