Un mix entre personnalités politiques établies et des profils plutôt «techniques». C’est la ligne qu’a voulu tenir le Premier ministre Sébastien Lecornu en établissant son deuxième gouvernement. Parmi eux, on retrouve à un poste clé, celui de l’Education nationale, Edouard Geffray. Exit Elisabeth Borne, dont la sortie sur sa propre réforme des retraites avait créé des remous, et place à un haut fonctionnaire qui est loin d’être un novice en politique. Diplômé de l’ENA, Edouard Geffray a très rapidement rejoint le Conseil d’Etat avant de devenir directeur des affaires juridiques, internationales et de l'expertise, puis secrétaire général de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).

Mais surtout, l’énarque de 47 ans a été nommé en 2017 directeur de cabinet du garde des Sceaux de l’époque, à savoir François Bayrou. Certes, son passage fut éclair (un mois), mais cela lui permettra ensuite de mettre un pied dans un autre ministère, celui de la rue de Grenelle, en devenant directeur général des ressources humaines (DRH) avant d’être nommé à la tête de l’enseignement scolaire (Dgesco) en 2019 où il restera jusqu’en juillet 2024. Il a donc travaillé auprès de Jean-Michel Blanquer. Selon Libération, il venait de rendre un rapport dans le but de moderniser le dispositif d’éducation aux images Ma classe au cinéma.

Un contexte de violence à l’école

Comme l’évoque le site Le Café pédagogique, sa politique ne devrait pas être révolutionnaire puisque c’est lui qui a dû mettre en œuvre les réformes du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, comme les évaluations nationales, les groupes de niveau ou encore la labellisation des manuels. Son arrivée rue de Grenelle est loin d’être un long fleuve tranquille dans un contexte où le monde de l’Education réclame davantage de formation, de recrutements et des hausses de salaire. Une réforme doit d’ailleurs entrer en vigueur en 2026 prévoyant d’avancer le concours des futurs professeurs en troisième année de licence avant deux années de master où ils seraient rémunérés avec un statut d’élèves fonctionnaires.

En outre, les problèmes de violence à l’école ne faiblissent pas, en témoigne l’agression, en septembre, d’une enseignante à coups de couteau par un collégien à Benfeld dans le Bas-Rhin. A la rentrée, une directrice d’école s’est aussi donné la mort dans le Cantal après plusieurs mois de harcèlement. Plus récemment, ce samedi 11 octobre, une petite fille de 9 ans a été retrouvée morte chez elle en Moselle. La piste du suicide serait privilégiée puisqu’un «mot d’adieu» a été retrouvé à son domicile. Elle aurait subi des moqueries en raison de son poids.

Des réformes en cours

Un contexte délicat donc, d’autant que d’autres réformes sont en cours, mais ne sont pas encore appliquées, rappelle Libération. C’est le cas de celle sur le Bac lancée par Elisabeth Borne où les notes de première et terminale ne compteraient plus dans la note de contrôle continu pour l’examen final. Idem pour le dispositif «portable en pause» encore très peu suivi (9%) dans l’Hexagone. Sans oublier le choc laissé par l’affaire Bétharram. Autant de dossiers chauds dont devra se saisir Edouard Geffray si le gouvernement Lecornu II a les moyens de mener son action.