En quelques heures, Donald Trump a retourné la table en opérant un revirement spectaculaire sur les taxes douanières qu’il avait imposées au monde entier. En annonçant une «pause» de 90 jours pour les partenaires commerciaux des Etats-Unis, le président américain a ramené les droits à 10% pour tous, sauf pour la Chine, dont les produits sont encore plus lourdement taxés, jusqu’à 125%. Une stratégie pour calmer les critiques, notamment européennes, ou un aveu d’impuissance ? Si Bruxelles a suspendu ses droits de douane pour créer des conditions de négociation plus favorables, Emmanuel Macron a également salué cette suspension partielle pour 90 jours.

Sur le réseau social X, le président français y voit une porte entrouverte à la négociation, mais met en garde : «Cette pause reste fragile.» Car si les droits de douane sont suspendus pour le moment, ceux de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, ainsi que les tarifs à 10% sur tous les autres produits «sont toujours là», rappelle le Chef de l’Etat, qui précise qu’ils «représentent 52 milliards d’euros pour l’Union européenne».

Continuer à négocier pour préparer des contre-mesures

En outre, cette pause de 90 jours déclenche une période «d’incertitude pour toutes nos entreprises, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique et au-delà», martèle Emmanuel Macron. Comme l’a laissé entendre Bruxelles jeudi, Emmanuel Macron compte bien désormais modifier le rapport de force et négocier, d’une part pour «faire retirer ces tarifs injustes» et d’autre part «obtenir un accord équilibré, sans asymétrie».

Et pas question de mettre un terme à toutes les discussions pour répondre aux Etats-Unis. La veille, les 27 de l’UE avaient déjà validé un paquet de mesures sur les produits américains si Donald Trump ne faisait pas marche arrière, notamment sur les motos, le soja ou des appareils électriques. «L’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires et mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger», martèle le président français, réclamant aux Européens de se «montrer forts».

Emmanuel Macron met aussi en garde sur les «pays tiers» qui pourraient venir «déséquilibrer notre marché», visant sans la nommer la Chine. «La France est prête. L’Europe doit l’être aussi. Restons lucides, unis, et défendons nos intérêts avec fermeté», ajoute-t-il sur le réseau social X. Le chef de l’Etat assure enfin que l’Europe fera tout «pour affirmer notre souveraineté économique, tout pour garantir l’avenir de nos emplois».