Alors que des discussions sont en cours autour du rachat des murs du BHV Marais par la Société des Grands Magasins (SGM), la Caisse des dépôts, impliquée dans ces négociations, a exprimé ses réserves concernant le partenariat annoncé entre la SGM et la plateforme de fast fashion chinoise Shein. Sollicitée ce jeudi 2 octobre par l’AFP, l’institution publique a déclaré : «On ne cautionne pas ce type de partenariat», rapporte BFMTV. Mercredi, la SGM et Shein avaient officialisé un projet d’envergure : l’ouverture progressive de six magasins permanents en France aux couleurs de la marque asiatique, réputée pour ses prix ultra-compétitifs.

Parmi eux, un point de vente emblématique est prévu au BHV Marais, situé en plein cœur de la capitale. Cette arrivée physique de Shein, jusqu’ici présente uniquement en ligne ou via des boutiques éphémères, a immédiatement suscité des critiques. La marque est régulièrement accusée de porter atteinte à l’industrie du prêt-à-porter français, et son installation au sein d’un grand magasin historique comme le BHV a provoqué la colère de nombreux commerçants et élus.

Un partenariat qui fait polémique

La prise de position de la Caisse des dépôts, qui pourrait être un partenaire clé dans le projet immobilier, met la SGM dans une situation délicate. Fondée en 2021 par Frédéric et Maryline Merlin, la foncière a racheté en 2023 le fonds de commerce du BHV, alors en difficulté, aux Galeries Lafayette. Depuis juin 2025, la SGM est en négociations exclusives avec la Banque des territoires — une branche de la Caisse des dépôts — pour racheter les murs du BHV Marais, toujours propriété des Galeries Lafayette. Cette opération, estimée à 300 millions d’euros par le magazine Challenges, prévoit que la SGM reste actionnaire majoritaire, sous réserve de la mise en place d’un financement complémentaire.

L’alliance entre Shein et la SGM fait également réagir du côté des responsables politiques. Plusieurs élus ont interpellé le gouvernement sur la structure de l’actionnariat de la SGM. Le député LR Antoine Vermorel-Marques a ainsi dénoncé : «Ils peuvent s’acheter une bonne réputation avec de l’argent privé, mais pas avec de l’argent public

De son côté, la SGM défend son projet : «Nous maintenons le dialogue avec les élus, les partenaires et l’ensemble des acteurs du secteur pour expliquer la réalité et les enjeux positifs de ce partenariat», a-t-elle déclaré à l’AFP, tout en assurant «comprendre» les «interrogations» que celui-ci peut soulever.