Ce mercredi 28 août, Stéphane Plaza n'a pas rendez-vous chez un couple de retraités qui souhaite vendre sa maison francilienne pour couler ses vieux jours sur la Côte d'Azur. Le plus célèbre des agents immobiliers de France comparaît devant le tribunal judiciaire de Paris pour des violences sur deux anciennes compagnes. Cette tempête judiciaire qui s’est abattue sur l’animateur télé, depuis la parution d'un article de Mediapart à l'automne 2023, risque fort de lézarder son petit empire immobilier et audiovisuel, bien qu'il récuse les accusations portées contre lui. C’est ainsi que, si les audiences de ses émissions restent bonnes, Stéphane Plaza n’apparaît déjà plus, depuis l’automne dernier, dans l’émission «Les Grosses Têtes», diffusée sur RTL, une filiale du groupe M6. Plusieurs retombées négatives sont aussi à signaler du côté des agences. Cette affaire «ne nous aide pas, reconnaît un franchisé. Quelqu’un est entré dans mon agence et m’a demandé si je n’avais pas honte de travailler pour Stéphane Plaza». D’autres membres du réseau ont vu leur voiture de fonction taguée, ou essuyé des refus de mandats de vente.
Pour ne rien arranger, l’affaire intervient à un moment où le réseau est confronté, comme ses concurrents, à un retournement de cycle, qui a vu les transactions immobilières s’effondrer en seulement deux ans. «On a des agences qui font zéro chiffre d’affaires depuis le début de l’année, certaines se demandent comment elles finiront 2024», s’inquiète un franchisé. «Entre les fermetures et les rachats, le nombre d’agences est passé de plus de 700 avant la crise à environ 650 aujourd’hui», soupire un autre. «Cette crise sans précédent impacte l’ensemble des acteurs de l’immobilier. Cependant, SPI résiste bien. Nous sommes aujourd’hui à 655 contrats et nous continuons à recruter de nouveaux franchisés», rassure de son côté Stéphane Plaza France.
Des franchisés qui s'inquiètent d'une éventuelle condamnation de Plaza
Mais c’est surtout l’après-procès, si la décision s’avère défavorable, qui inquiète. «Comment s’appellera-t-on demain si Stéphane Plaza écope d’une condamnation?», s’interroge un responsable d’agence. Les conséquences éventuelles de cette affaire pour ses franchisés, le principal intéressé, qui n’a pas souhaité répondre à Capital, ne les sous-estime d’ailleurs pas. «A l’automne dernier, après les révélations dans la presse, il a organisé une visio pour tous les patrons d’agences, en nous disant qu’il n’avait rien à se reprocher mais qu’il serait désolé si cela devait avoir des répercussions sur notre activité. Il nous a donné à cette occasion son numéro de portable en nous disant qu’on pouvait l’appeler quand on voulait», confie un responsable d’agence.
Quant à la convention annuelle du réseau, initialement prévue pour septembre prochain à Opio, dans les Alpes-Maritimes, elle a été annulée. Mais cela n’aurait rien à voir avec la procédure judiciaire en cours… «L’ensemble du secteur est secoué par une crise inédite, qui affecte tous les acteurs de l’immobilier. Il n’était donc pas opportun d’affecter la trésorerie de nos franchisés dans un tel moment (la convention était payante, NDLR). Nous avons donc décidé de la reporter et de prendre à notre charge la participation des franchisés à cette prochaine convention, qui se tiendra début 2025», explique Stéphane Plaza France.
Des droits d'entrée dans le réseau plutôt salés
Un argument jugé recevable par plusieurs franchisés, qui regrettent toutefois cette occasion manquée de «se fédérer dans une période compliquée». Avec des trésoreries qui se réduisent comme peau de chagrin, le coût d’appartenance au réseau reste toutefois en travers de la gorge de certains patrons d’agences. «J’ai payé 36 000 euros TTC (30 000 euros hors taxes) de droit d’entrée pour ma première implantation, rebelote pour la seconde, et je règle quelque 2 000 euros de redevances par mois pour chacune d’entre elles. Le nom Plaza, on le paie cher!», s’agace l’un d’eux. Si le niveau de ces redevances, confirmé par SPI à 1 800 euros par mois en moyenne, est plutôt dans la norme du secteur, celui des droits d’entrée reste en effet plutôt salé… Et doit, selon le franchisé en question, justifier quelques innovations de la part de SPI. «C’est indispensable pour donner un nouveau souffle au réseau, qui a été beaucoup copié en dix ans et a besoin de se réinventer», argumente-t-il. «Le fait d’être copié prouve que notre approche correspond à l’attente des clients, rétorque Stéphane Plaza France. Dès l’origine, un plan stratégique a été mis en place. Il s’agit maintenant d’en lancer la seconde phase, qui sera présentée en détail lors de notre prochaine convention».
En attendant, du haut de ses trente ans d’immobilier, Stéphane Plaza a assuré à ses troupes, lors d’une autre visio organisée en avril, «qu’il y a encore des affaires à faire». «Cela m’a redonné du peps», confie même un directeur d’agence. A qui on ne saurait trop conseiller de méditer cette phrase : «Dans les moments de doute, rappelez-vous que les plus grandes réalisations naissent de la persévérance inébranlable». Confucius? Non, Stéphane Plaza sur Instagram, le 26 juin 2024.
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