
Pourquoi les œufs disparaissent-ils des rayons des supermarchés ? La France bat des records de production, et pourtant, il n’est pas toujours facile d’en trouver dans les grandes surfaces. Selon Olivier Dauvers, spécialiste de la grande consommation interrogé par La Dépêche, il ne s’agit pas ici d’une pénurie, mais davantage d’une «difficulté d’approvisionnement». La raison : la consommation des Français augmente toujours plus. Ils en consomment 226 par an et par habitant et ce chiffre ne fait qu’augmenter. En 2024, la consommation d'œufs par personne a augmenté de 4,7%. Entre 2023 et 2024, les ventes ont explosé de 300 millions par an. L’année dernière, le nombre d'œufs total acheté par les foyers français s'élevait à 7 milliards. Et en parallèle, leur prix diminue, peu importe l’élevage.
Et l'œuf est l’un des aliments les plus versatiles. C’est aussi ce qui attire et qui explique une telle demande. Facile à cuisiner, pratique, et avec de nombreuses qualités nutritionnelles de plus en plus reconnues, dans un contexte d’inflation, c’est le grand gagnant des courses.
Une filière en plein ajustement
Pour répondre à cette très grande popularité, la France produit énormément. Notre pays est le premier producteur européen avec 15,5 milliards d’unités produites en 2024. Et même s’il peut être un peu plus difficile ces derniers mois de trouver des œufs lorsqu’on fait ses courses, la production suit quand même. «Les rayons vides sont liés à des tensions ponctuelles, souvent locales, mais il n’y a pas de pénurie d’œufs en France», explique Thomas Bartlett, secrétaire général du Syndicat National des Industriels et Professionnels de l’Oeuf. Au contraire même, puisque la production aurait même augmenté d’1% en 2025.
Pour l’heure, le secteur est encore en transformation et n’est pas au maximum de ses possibilités de production. La raison : des travaux et des changements de méthodes. L’un des plus gros changements, c’est la disparition progressive des élevages en cages, qui ne représentent plus que 15% du parc. «Environ 10 % des élevages nationaux sont en rénovation», souligne Loïc Thomas, vice-président du Comité national pour la promotion de l’œuf. Un ralentissement obligatoire, face à la demande des Français qui évolue très vite, pour exiger des produits de plus grande qualité, en circuit court, avec des modes d’élevages respectueux. D’ici 2030, la filière œufs viserait donc 300 nouveaux élevages de poules pondeuses. Par ailleurs, la France n’est pas le seul pays à connaître une tension dans la production d'œufs, la consommation augmente partout en Europe.


















