Il a beau ne pas encore exister, il est redouté. Le nouvel impôt sur la fortune improductive (IFI), adopté par les députés via un amendement au projet de loi de finances (PLF) 2026, suscite de nombreuses questions et inquiétudes de la part de nos lecteurs. Pour rappel, l'ambition de cette nouvelle imposition serait de transformer l'actuel impôt sur la fortune immobilière (IFI) en un impôt sur la fortune dite «improductive». Autrement dit : taxer l'épargne investie dans des biens qui ne financent pas l'économie «réelle», c'est-à-dire l'activité des entreprises.

Seraient ainsi concernés : les voitures de sport, yachts, lingots d'or, œuvres d'art, cryptomonnaies, et étonnamment… les assurances vie en fonds euros. Bien que ces dernières soient également investies en partie en actions et en obligations d'entreprises, et financent ainsi de fait l'économie productive. L'intégration d'un placement aussi commun que l'assurance vie à capital garanti dans cette assiette a sans doute participé à la crainte, pour les épargnants, de voir leurs autres placements concernés, y compris les plus sécurisés.

Livret A, LDDS, comptes courant… Les placements liquides concernés ?

Ainsi, Serge nous demande si ce nouvel IFI inclura «les comptes courants, Livrets A, ou Livrets de développement durable et solidaires (LDDS)». A première vue, il semblerait que oui : «Concernant la nouvelle base imposable de l’impôt sur fortune improductive, il est difficile de répondre avec précision uniquement sur la base de l'amendement. L’épargne liquide, tels les comptes sur livrets, par exemple, devrait selon toute vraisemblance être imposable», confirme Nicolo Acquari, ingénieur patrimonial chez Mirabaud.

L'amendement du député Jean-Paul Matteï, à l'origine de cet IFI nouvelle version, indique en effet que seront concernés «les liquidités et placements financiers assimilés». Une dénomination assez générique, qui rend difficile de se prononcer avec précision sur les produits d'épargne concernés, comme nous le demande Bernard : «Pouvez-vous me dire si l’IFI s’appliquera sur les parts sociales telles qu’elles existent par exemple dans certaines banques, ainsi que sur le montant des liquidités liées au plan d'épargne en actions (PEA) ou au compte-titres ?»

Difficile de dire ce qu'inclut le terme de «placements financiers»

En l'état, même si un PEA ou un compte-titres permettent d'investir dans des actions et obligations - donc dans des entreprises «productives» -, il s'agit de placements financiers, tout comme les parts sociales, qui sont une fraction du capital d'une banque, ce qui ferait entrer le tout a priori dans le champ du nouvel IFI. Et qu'en est-il des parts de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), qui sont à la frontière du placement immobilier et financier ?

Diane nous demande par exemple «si une assurance vie investie 100% en SCPI sera considérée comme un bien improductif qui rentrera dans le calcul de ce nouvel IFI, ou comme une assurance vie multisupport qui ne rentrera pas dans le calcul ?» Si vous avez investi en SCPI via les unités de compte (UC) de votre contrat d'assurance vie, vous pouvez être tranquille, Diane, car «ce qui est exclu pour sûr à ce stade, ce sont les unités de compte (UC)», souligne Nicolo Acquari. En revanche, les parts de SCPI souscrites directement auprès d'une société de gestion seront bien comprises dans le calcul du nouvel IFI.

Quid de l'immobilier ?

En matière d'immobilier en effet, seule la résidence principale pourrait, en l'état, y échapper, ce que nous demande François : «Bonjour ! L'article ne mentionne pas l'hypothèse où la résidence principale serait exclue de l'IFI… Pouvez-vous m'en dire plus ?» Vous avez raison François, il ne s'agit pas d'une hypothèse, mais bien d'un amendement adopté. Ce dernier, déposé par le député Philippe Brun, visait en effet «à exclure de l'assiette de l'impôt sur la fortune improductive un bien par foyer fiscal (généralement la résidence principale ou secondaire), dans la limite d'un abattement de 1 million d'euros».

Enfin, si la liste des placements inclus dans l'assiette de ce nouvel impôt semble très extensive, il ne faut pas oublier que c'est l'addition de la valeur de l'ensemble de ces biens qui déterminera si vous serez ou non assujetti à cette imposition. «Mais à partir de quel montant le patrimoine est-il réellement taxé ?» nous demande Roger. Pour vous répondre, ce projet de nouvel IFI s'appliquera si le total de tous les biens éligibles dépasse 1,3 million d'euros. Plus précisément : «Le texte initial présenté par le député Matteï donnait un seuil à 2 millions d'euros, qui a été ramené à 1,3 million d'euros par l'amendement du député Philippe Brun», pointe Nicolo Acquari. Au-delà de ce montant, c'est un taux unique de 1% qui s'appliquera, en cas d'adoption définitive de cet amendement dans le Budget 2026.