Non pas un, mais deux plans d’action pour redresser les finances de l’Etat. Mardi 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou a présenté successivement le premier, «Stop à la dette», et le second, «En avant la production». Certaines mesures ont particulièrement retenu l’attention, notamment la possible suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8-Mai. D’après un sondage RTL publié ce mercredi 16 juillet, près de 70 % des Français interrogés sont opposés à cette proposition, et 47 % se disent même «tout à fait opposés».

«Année blanche», arrêts maladie de longue durée, gel des retraites… Les pistes d’économies sont multiples. Et la marche à franchir est haute : près de 44 milliards d’euros d’économies à réaliser en 2026. Parmi les propositions évoquées, François Bayrou a également annoncé le gel, au niveau de 2025, du barème de l’impôt sur le revenu applicable en 2026.

Pour rappel, le barème de l’impôt sur le revenu est habituellement revalorisé chaque année, en fonction de l’inflation ou de l’évolution des revenus des ménages. Cette indexation permet d’éviter que les hausses de salaires ne se traduisent mécaniquement par une hausse d’imposition, via un glissement dans les tranches supérieures du barème... Et donc, par conséquent, payer plus d’impôts.

Des mesures encore provisoires

Les mesures annoncées par le Premier ministre ne sont que des orientations. Le projet de loi de finances (le PLF) qui organise les recettes et les dépenses de l'Etat pour 2026 sera déposé à l’Assemblée nationale au plus tard le premier mardi d’octobre 2025. Suivra ensuite l’examen parlementaire du texte sur une période de près de trois mois, d’octobre à la mi-décembre. «Toutes les idées seront examinées», prévient le chef du gouvernement.

Environ 300 000 contribuables devraient devenir imposables

D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), institut français de recherche économique, «le gel total du barème de l’impôt sur le revenu rapporterait environ 1,2 milliard d’euros en 2026». L’OFCE prévoit également que les 15 millions de ménages «dont la personne de référence est salariée verraient, quant à eux, leur revenu disponible amputé de l’ordre de 70 euros (-0,2 %), et les indépendants (2,4 millions de ménages en 2023) de l’ordre de 100 euros (-0,2 %) par unité de consommation, en raison à la fois du gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la non-revalorisation des prestations sociales».

Mais concrètement, comment ces économies seront-elles réalisées ? Certains foyers qui échappaient jusqu’alors à l'impôt devront désormais payer. «Cette décision va faire entrer dans l’impôt des centaines de milliers de personnes, aujourd’hui en dessous des seuils d’imposition», explique au Parisien Erwann Tison, directeur des études de l’Institut Sapiens, un think tank libéral. Une mesure qui devrait concerner 300 000 ménages, selon Henri Sterdyniak, économiste à Sciences Po interrogé par le quotidien. «Pour beaucoup, l’entrée dans le barème payant [11 498 euros] se fera pour quelques centaines d’euros. Cette petite somme, taxée à 11 %, générera donc un impôt modeste, de l’ordre de quelques dizaines d’euros», précise l’expert.

De son côté, l’Institut des politiques publiques (IPP) estimait en juin dernier que «le gel du barème de l'impôt sur le revenu introduit une certaine progressivité qui atténue la régressivité induite par le gel des prestations sociales».

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Ce gel budgétaire concernera donc les foyers qui ne payaient pas l’impôt sur le revenu, mais aussi ceux proches du seuil entre deux tranches. Ainsi, certains ménages, par exemple ceux dont le revenu imposable est inférieur à 29 315 euros, relevant donc d’un taux d’imposition de 11 %, pourraient être imposés à 30 % en cas d’augmentation salariale, si les barèmes ne sont pas révisés comme l’a annoncé le Premier ministre. A noter également que François Bayrou souhaite demander un «effort particulier à ceux qui ont la capacité de contribuer davantage, soit parce qu’ils bénéficient d’un certain nombre d’avantages fiscaux, soit parce que leurs capacités leur permettraient de prendre une plus grande part de la solidarité».