
«Puisque vous allez tous les ans au même endroit pendant les vacances, pourquoi ne pas y acheter une résidence secondaire plutôt que de louer ? Ce serait moins cher !» Cet argument un brin moqueur de ses amis, tous propriétaires de maisons de campagne ou de villas à la mer, n’a jamais convaincu le père de Céline. Déjà propriétaire de l’appartement familial, il n’était pas question pour lui de payer une seconde taxe foncière et une taxe d’habitation supplémentaire, avec en outre les soucis d’entretien et de rénovation d’une résidence secondaire située à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile.
Sans le savoir, le père de Céline, dans les années 80, était précurseur d’une nouvelle tendance, observée depuis l’an dernier par Gens de Confiance : «Au lieu d’acheter une résidence secondaire, de plus en plus de personnes choisissent de la louer», constate auprès de Capital Bertille Marchal, directrice marketing de cette plateforme internet spécialisée dans la vente et la location de résidences secondaires. «A l’époque de nos parents et grands-parents, l’acquisition d’une résidence secondaire, où réunir toute la famille pendant les vacances, était un marqueur social. C’est moins le cas aujourd’hui, les familles étant beaucoup plus fragmentées» avec la multiplication des séparations, analyse-t-elle.
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L’achat d’une résidence secondaire, une équation financière ardue
«Autrefois synonyme de réussite et de placement patrimonial, l’acquisition d’une résidence secondaire s’est transformée aujourd'hui en une équation financière de plus en plus difficile à résoudre», ajoute Expertimo. Il y a encore 10 ans, lorsque les prix de l'immobilier étaient inférieurs de 40% à leurs niveaux actuels, «le financement de l’acquisition d’une résidence secondaire était aisé», rappelle le réseau immobilier. C’était encore le cas en 2022, malgré la hausse des prix : «Avec des taux de crédit sous la barre des 1%, en allongeant la durée de leurs emprunts à 25 ans, les propriétaires pouvaient encore espérer équilibrer l'investissement dans une résidence secondaire grâce aux revenus locatifs» qu’ils en tiraient, explique Expertimo.
Mais avec des taux de crédit qui ont quadruplé en 2022 et 2023, et qui demeurent supérieurs à 3%, aujourd’hui, «le rendement locatif ne permet plus de couvrir les frais financiers liés à l’acquisition de la résidence secondaire», assure Grégory Beurrier, président d’Expertimo. D’autant que «de nombreuses stations balnéaires, comme Biarritz et Saint-Malo, restreignent les possibilités de locations saisonnières», pour favoriser les locations à l’année à destination des familles et des travailleurs. Et si la taxe d’habitation sur les résidences principales a disparu depuis 2023, elle reste due pour les résidences secondaires. Avec une majoration de 5% à… 60% permise dans les 4 000 communes situées en zones tendues, où la demande de logement est très supérieure à l’offre.
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Près de 4 000 euros pour deux semaines de location
L’investissement dans une résidence secondaire «s’est progressivement mué en objectif irrationnel, voire en “danseuse”», cingle Expertimo. Ce n’est pas Marc, la cinquantaine, qui dira le contraire : «Les charges et l’entretien d’une résidence secondaire sont contraignants», peste ce consultant parisien, locataire de résidences secondaires sur Gens de Confiance. Sophie, âgée de 47 ans et cadre à Nantes, lui fait écho : «Nous avons longtemps hésité à acheter une maison de vacances sur la côte Atlantique. Nous préférons finalement louer plusieurs fois par an.»
Si Sophie et sa famille louent chaque année dans une région différente, d’autres reviennent dans la même location d’une année sur l’autre : «Ils retrouvent les vélos, les épuisettes, les livres de cuisine locale, comme dans une vraie maison de famille», sourit Bertille Marchal. Mais sans le souci du crédit à rembourser et des taxes locales à payer. Il leur en coûte tout de même en moyenne 260 euros par nuit, soit 3 650 euros pour deux semaines, calcule Gens de Confiance.
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